Fondation d’utilité publique, Chimay-Wartoise gère les opérations industrielles en soutien au redéploiement socio-économique de la Botte du Hainaut et du Sud Namurois, pour le compte de l’Abbaye trappiste de Scourmont. Elle vient d’engager un très ambitieux programme de reconversion de la ferme abbatiale de Poteaupré pour y héberger et y occuper des adultes handicapés mentaux.
C’est le plus gros projet jamais porté par la Fondation depuis sa création il y a 22 ans. Un investissement de l’ordre de 12,5 millions d’euros qui sera supporté pour moitié par Chimay-Wartoise, le solde des apports étant assurés par l’Asbl Solidarité Cistercienne (ressources propres de l’abbaye chimacienne) et un emprunt bancaire. « La reconversion de la ferme de l’abbaye nous permettra, d’ici la fin 2020, d’accueillir en résidence une quarantaine de personnes adultes handicapées, les ateliers sur le site autorisant de lancer des activités occupationnelles au bénéfice de 80 personnes », résume Philippe Dumont, secrétaire général de la Fondation.
Avec l’Albatros
Quand, en 2008, les moines trappistes décident de ne plus exploiter leur ferme directement, ils posent deux conditions à la réaffectation de ces bâtiments agricoles et des quelque 45 ha qui y sont liés: ne pas vendre les biens et valoriser l’espace dans le cadre d’un projet à finalité sociale.
C’est dans cette perspective que, fin 2014, est scellé un partenariat fort entre la Fondation et l’asbl Albatros basée à Petite-Chapelle (Couvin) qui, au départ de ses diverses implantations sur la frontière franco-belge, héberge et procure une activité adaptée (plus de 60 ateliers) au bénéfice de plus de 300 personnes adultes handicapées mentales, très majoritairement de nationalité française.
Alors que les listes d’attente s’allongent à l’Albatros, la perspective, portée par la Fondation Chimay-Wartoise, de voir la ferme de Poteaupré devenir un nouveau centre d’accueil à vocation sociale est reçue comme une véritable… bénédiction par les dirigeants de l’ASBL couvinoise. « C’est à la fois une formidable aubaine pour nous et la reconnaissance du travail de nos équipes par rapport à la valorisation des personnes fragiles, le tout avec une volonté de synergie d’expériences et de compétences », s’enthousiasme Alain Dambroise, directeur général de l’Albatros.
Elevage et maraîchage
Sur le site, les démolitions sont aujourd’hui terminées. S’ouvre cet été la phase de construction et de reconversion des divers locaux déjà existants. Pour se donner toutes les chances de réussir au mieux ce programme, la Fondation a recruté une ingénieure agronome, Barbara Briquet, qui a en charge l’étude du design des ateliers, mais aussi le choix des cultures à adapter au profil des futurs résidents. En matière d’élevage, les pâtures de l’ex-ferme abbatiale seront peuplées par un troupeau d’une cinquantaine de vaches de race Aubrac. Un élevage de lapins et de volaille est également prévu. Pour le maraîchage, quelque deux hectares seront dédiés à des cultures exclusivement bio. Un magasin sera ouvert sur le site pour la vente des produits cultivés et préparés. Parmi les ateliers annoncés, une boulangerie (40.000 pains par an en vitesse de croisière!), une pâtisserie (produits salés et sucrés), une conserverie, une production de chicons…
Social des deux côtés
« Nous prenons intégralement en charge toute la partie immobilière et les équipements ad hoc, l’Albatros s’occupant de la gestion et de l’animation du nouveau site Albatros-Poteaupré », souligne Philippe Dumont. Ce très ambitieux projet pour le Sud-Hainaut, totalement unique dans cette partie du pays par son ampleur, est « social des deux côtés », conclut le patron de la Fondation, « puisque, d’une part, nous accueillerons au quotidien des dizaines de personnes fragilisées pour lesquelles nous recruterons, et, d’autre part, une soixantaine d’équivalents temps plein, soit près de 80 nouveaux contrats à signer, qu’il s’agisse d’éducateurs, de personnel soignant, technique, animateurs… »
Un projet qui répond pleinement au mode de fonctionnement de Chimay-Wartoise ainsi qu’aux exigences de reconversion de la ferme (im)posées en 2008 par la communauté trappiste de Scourmont.
Hugo LEBLUD – Photo: Vue aérienne de la ferme abbatiale © Chimay-Wartoise
La Fondation Chimay-Wartoise en quelques chiffres
Constituée sous forme de Fondation d’utilité publique, Chimay-Wartoise vient de publier bilans et résultats pour son 21e exercice portant sur l’année 2017. Ce dernier a été marqué à l’Abbaye de Scourmont par l’élection de Dom Damien Debaisieux en qualité de Père Abbé de cette communauté de moines trappistes. Depuis, Dom Damien siège en qualité d’administrateur à la Fondation en lieu et place de son prédécesseur Dom Armand Veilleux qui conserve toutefois un poste d’administrateur à la Fondation en qualité de représentant de l’asbl Solidarité Cistercienne.
Gestionnaire de neuf entités économiques, dont les conséquentes activités industrielles « bière » et « fromage », le chiffre d’affaires consolidé de Chimay-Wartoise pour l’année 2017 est, en légère régression, à 63,9 millions d’euros pour un résultat net après impôts de 2,9 millions, comparable aux 3 millions actés à fin 2016.
181 employés
L’ensemble des neuf entités prises en compte occupe, donnée très stable ici, 181 travailleurs. L’exercice comptable de la Fondation, qui occupe une petite quinzaine de collaborateurs répartis sur deux sites, s’est clôturé par une perte comptable de quelque 2 millions d’euros compte tenu des montants engagés l’an dernier, en dons notamment (près de 4 millions d’euros). Les fondements restent cependant très robustes avec un actif d’un peu plus de 40 millions d’euros.
Un budget total de 2,5 millions a été consacré en 2017 à des investissements avec notamment 35 nouveaux prêts en soutien à des projets socio-économiques déployés dans le sud-Hainaut et le Couvinois. Ces interventions financières ont permis de créer l’équivalent de 12,5 emplois et d’en consolider 8 autres. En quinze ans, Chimay-Wartoise a engagé un peu moins de 5 millions d’euros pour contribuer dans sa région à la création de 373 postes de travail.
Notons enfin qu’au côté de la Région Wallonne (via Sogepa), la Fondation a pris une participation au capital de la relance, à Couvin, de la Fonderie Saint-Roch. Dans le ferme espoir de consolider les 75 emplois attachés à ce fabricant namurois d’éléments de chauffage.
H.L.