
Elisée, élève à l’école Saint Jean Bosco de Cotonou (Bénin).
« Si ton père et ta mère étaient des Blancs, raconte ta vie! » C’est par cette question posée à des jeunes Africains dans une étude récente que démarre le nouveau film du réalisateur André Bossuroy. Il sera diffusé à la RTBF les 8 et 14 juillet, dans l’émission « Il était une Foi ».
Selon Esoh Elamé, experte en études interculturelles, les résultats de cette enquête sont alarmants. « Quand on demande aux jeunes Africains de se représenter des parents blancs, ils les imaginent beaux et riches. Sous-entendant que tous les Noirs sont laids et pauvres. Ils réfléchissent comme s’ils avaient été colonisés. Mais la même enquête auprès des élèves européens livre là aussi des conclusions qui font peur. Si leur père et leur mère étaient des Noirs, ils vont leur apprendre à écrire, à compter, à dessiner… Bref, on a des enfants qui ont, dans leur tête, l’idée d’aller civiliser. Il importe donc, aussi bien au Nord qu’au Sud, de repenser l’éducation », interpelle-t-elle. Il y a urgence à démonter les préjugés qui faussent notre perception entre Africains et Européens.
C’est pour en découvrir un peu plus sur la question, mais surtout avec l’ambition de travailler à la réalisation des objectifs de développement durable, que six jeunes filles belges et leur professeure (Institut Marie Immaculée Montjoie à Anderlecht) se sont envolées vers le Bénin pour y rencontrer un groupe d’élèves locaux.
Une initiative salésienne
Ces jeunes participent au nouveau programme ‘Youth for change’ (Des jeunes pour le changement) mis en place par l’ONG Via Don Bosco. Sur une période de deux ans, chaque groupe d’élèves va mettre en œuvre un projet concret lié à un objectif du développement durable.
« Le développement durable consiste à répondre aux besoins de tout le monde sans mettre en danger la génération future », nous rappelle Elisée, élève à l’école Saint Jean Bosco de Cotonou.
Les élèves vont travailler dans des ateliers où ils vont imaginer des mesures pour agir dans le domaine du changement climatique, l’objectif n°13 des objectifs de développement durable (ODD), de l’énergie propre et d’un coût abordable (ODD n°7), de la bonne santé et du bien-être (ODD n°3), de l’égalité entre les sexes (ODD n°5) etc.
Pour répondre à ces objectifs, ils vont concevoir divers projets concrets qu’ils vont mettre en œuvre dans leurs écoles respectives et dans leur commune. « Ce projet est assez unique en ce sens qu’on va confier un petit budget aux élèves pour leur permettre de concrétiser chacun leur projet », fait remarquer Nina Honnay, chargée du service Education & Développement dans l’ONG Via Don Bosco.
Une question d’émotion
Et les jeunes ne vont pas en rester là. Chacun dans son pays, au cours de l’année qui vient, va continuer à développer le projet qu’il a préparé ici. « Je voulais prouver aux Belges que, nous aussi les Africains, nous avons du potentiel. C’est vrai qu’il y a beaucoup de préjugés, mais nous ne pouvons réussir à avoir un monde meilleur que si nous mettons tous la main à la pâte », ajoute Aquilas, un jeune participant béninois.
« On a remarqué que, par la rencontre, les stéréotypes tombaient très rapidement. Quelque chose se joue à l’intérieur de la personne. C’est plus par le côté émotionnel qui fait qu’on voit dans l’autre cette différence et en même temps ces points communs. Et c’est là qu’on peut changer réellement de point de vue, se changer soi-même et peut-être changer un peu de ce monde », conclut Cherifa Billami, professeure à l’Institut Marie Immaculée Montjoie.
Le voyage au Bénin est aussi l’occasion pour les jeunes Belges de découvrir les actions des salésiens de Don Bosco dans les centres de formations professionnelles où les jeunes apprennent un métier qui pourra les aider à sortir de la pauvreté, mais aussi envers les enfants qui errent et sont exploités sur les marchés. Ces enfants travaillent pour des salaires de misère; discrètement, le groupe de jeunes Belges et Béninois les retrouvent au bord du lac occupés à traiter les peaux de bêtes. L’occasion d’embarquer sur une pirogue qui va emmener le groupe au village lacustre de Ganvié.
Sur la piste d’Entraide & Fraternité
Dans la deuxième partie du film, le voyage se poursuit sur les pistes africaines en compagnie, cette fois, de quatre jeunes professionnelles qui ont choisi de travailler dans le développement. Julie, Alexandra, Joëlle et Médéa nous font découvrir des projets qui aident des enfants et des femmes dans des pays fortement exposés à la guerre et à la violence.
Le téléspectateur va découvrir le travail d’une autre ONG belge active au Congo, Entraide et Fraternité dont le partenaire à Bukavu est le Comité pour l’Autopromotion à la Base. Il s’agit d’une ONG congolaise qui agit auprès de 45.000 ménages dans 200 villages, grâce à des groupements féminins, des comités citoyens et des groupes de jeunes. La plus grande difficulté ici, ce sont les guerres à répétition qui minent la région du Kivu.
A 9.000 km de là, Alexandra et Médéa se préparent à embarquer pour l’extrémité du continent africain, l’Afrique du Sud. Ce pays est situé à l’extrémité australe du continent africain. Il en est la première puissance économique. Il est aussi appelé la nation arc-en-ciel pour désigner la diversité de sa population, par opposition avec la discrimination raciale qui régnait sous le nom d’apartheid jusqu’en 1991.
Dans la ville du Cap, les salésiens de Don Bosco ont créé un centre permettant à des jeunes, vivant dans la rue et à des jeunes femmes sans emploi, d’acquérir des aptitudes humaines, sociales et professionnelles pour les aider à s’intégrer dans la société par un métier.
La ville du Cap peut aussi être dangereuse. Environ soixante gangs y sévissent et certains jeunes de ces bandes se retrouvent comme élèves dans les centres de formation Don Bosco. L’occasion, pour Médéa et Alexandra, de nouer contact avec certains d’entre eux et de les suivre dans le quartier de la gare où les équipes de Don Bosco viennent parfois distribuer des vêtements. La présence de la caméra est peu tolérée dans ce quartier et, malgré la présence des jeunes du centre, les deux jeunes reporters ne s’y attarderont pas.
André BOSSUROY