Le CNCD 11.11.11 a condamné la terrible répression des manifestations palestiniennes par l’armée israélienne sur la frontière avec la bande de Gaza. Face à une situation humanitaire devenue insoutenable, avec des hôpitaux submergés et dépourvus des médicaments, l’ONG appelle le gouvernement belge et l’Union européenne à exiger d’Israël qu’il lève immédiatement du blocus en vigueur.
Alors que le déménagement de l’ambassade américaine de Tel Aviv à Jérusalem était célébré hier (14 mai) en grande pompe, un bain de sang a eu lieu dans la bande de Gaza. L’armée israélienne a ouvert le feu sur les manifestants. Selon l’organisation de droits humains palestinienne Al Mezan, l’armée israélienne a tué 57 Palestiniens, parmi lesquels 42 participaient à des manifestations pacifiques. 2.000 Palestiniens ont été blessés, dont 1.114 par des tirs à balles réelles. Parmi les blessés se trouvent 304 enfants, 77 femmes, 10 journalistes et 3 médecins. Ils s’ajoutent aux 7.900 autres blessés des précédents vendredis de manifestations. Depuis le 30 mars dernier, les Palestiniens de Gaza manifestent en effet dans le cadre de la « Marche du Grand Retour » afin de demander la reconnaissance de l’exil forcé de leurs foyers il y a 70 ans, et le droit d’y retourner.
10.000 blessés depuis le 30 mars
Ces 10.000 blessés sont une pression insupportable pour un système de santé déjà en état d’urgence et victime du blocus imposé par Israël. Ce dernier a refusé hier l’entrée de personnel médical supplémentaire à Gaza. « Il est urgent qu’Israël donne accès à la bande de Gaza au personnel, médicaments et matériel médical nécessaires et accorde des permis afin que les blessés les plus graves puissent être soignés en Cisjordanie » souligne Nathalie Janne d’Othée, chargée de plaidoyer sur le Moyen-Orient au CNCD-11.11.11. « Mais il est tout aussi essentiel que des pressions internationales soient exercées sur le gouvernement israélien pour que d’une part il mette fin à l’usage illégal de la force létale contre des manifestants palestiniens majoritairement pacifiques, et que d’autre part, il lève le blocus qu’il impose illégalement à la bande de Gaza. La situation actuelle à Gaza ne peut plus durer, elle est inhumaine ».
Le CNCD demande donc au gouvernement belge (ainsi qu’à l’Union européenne) d’œuvrer pour la levée de ce blocus. Le Ministre des Affaires étrangères, Didier Reynders, a condamné l’usage disproportionné de la force par Israël. Le Premier ministre plaidera auprès du secrétaire général des Nations unies pour l’ouverture d’une enquête internationale sur ces violences « totalement inacceptables ». Par ailleurs, plusieurs experts des Nations Unies, ainsi que la Procureur de la Cour pénale Internationale, ont récemment rappelé que de tels actes de répression de la part de l’armée israélienne pouvaient constituer des crimes de guerre en vertu du Traité de Rome.
Situation sanitaire et économique catastrophique
Outre la situation sanitaire de ce coin de Palestine coincé entre l’Egypte, la Méditerranée et Israël, la situation économique est également catastrophique avec un taux de chômage qui s’élève à 42% (dépassant les 60% chez les jeunes). L’armée israélienne empêche les agriculteurs d’accéder à leurs champs lorsqu’ils se situent à moins de 1,5 km de la frontière. De même, il empêche les pêcheurs de dépasser 6 milles nautiques des côtes, les cantonnant dans les eaux non-poissonneuses. En outre l’année dernière, l’électricité n’est accessible en moyenne que 4 heures par jour et l’Autorité Palestinienne refuse de payer les salaires de milliers de fonctionnaires. Rajouté aux coupes dans le budget de l’UNRWA (agence onusienne pour les réfugiés palestiniens), ces mesures ont fait monter en flèche la pauvreté.
P.G./CNCD
(Photo: Capture d’écran Al Jazeera)