Dans Hostiles, Christian Bale incarne un cow-boy chargé d’escorter un chef indien sur ses terres, situées dans le Montana. Ce western humain aborde subtilement les questions raciales, toujours autant d’actualité.
Un western est souvent ponctué de duels. Sauf ici. Hostiles s’inscrit plutôt comme un western à dimension humaine. Le décor est planté à la fin du XIXe siècle, dans une petite ville du Nouveau-Mexique. Un ancien héros de guerre, incarné par Christian Bale, est chargé d’escorter un Indien d’origine cheyenne sur ses terres, situées dans le Montana. Malgré sa réticence, notre héros doit accepter la mission sur ordre du Président américain. Le voilà parti à cheval pour un périple d’un mois avec une petite équipe de gardes, le chef indien en question, son épouse et ses deux enfants. Sur leur route, ils croisent une jeune femme (Rosamund Pike) effondrée: des Indiens comanches viennent de tuer son mari, ses deux filles et son nourrisson… Le réalisateur Scott Cooper, à qui l’on doit le récent Strictly criminal (l’histoire de l’alliance du FBI avec un gangster, incarné par Johnny Depp), explique à sa façon l’histoire naissante des Etats-Unis. A travers ce périple à cheval, au cours duquel on admire des étendues sauvages à couper le souffle, le groupe apprend à vivre en communauté malgré les différences. Fermé à la discussion, notre héros escorte les quatre Indiens sans sourciller. Il doit toutefois collaborer avec le groupe pour faire face à des dangers comme l’attaque de mercenaires et d’autres tribus indiennes.
Une alerte face à la politique de Trump
Hostiles est donc un western centré sur la thématique de l’acceptation de l’autre. "J’ai toujours voulu faire un western, mais je souhaitais le faire à ma façon", évoquait récemment le réalisateur Scott Cooper dans une interview (à noter que Scott Cooper signe également le scénario du film). "Je voulais qu’il soit pertinent au niveau des cultures raciales et culturelles qui agitent l’Amérique pour l’instant. Nous sommes tous conscients des mauvais traitements infligés aux Amérindiens, mais nous pourrions transposer ce schéma avec les Afro-américains ou encore avec la communauté homosexuelle aujourd’hui." En filigrane, Hostiles s’inscrit presque comme une alerte face à la politique de Trump et de son mur entre les Etats-Unis et le Mexique. Mis en scène avec une grande finesse et sans grande violence, le film est porté par un casting de choix, Christian Bale en tête. Comme à son habitude, l’acteur britannique, qui collabore par ailleurs pour la seconde fois avec Scott Cooper après Les brasiers de la colère, se fond littéralement dans le rôle. Il a notamment appris à parler cheyenne, langue rare, parlée par le peuple indien au centre du film. Soulignons également les magnifiques plans larges des paysages du Nouveau-Mexique et du Colorado. Avec seulement quatre films à son actif, Scott Cooper s’inscrit donc comme un des nouveaux réalisateurs américains à suivre de près.
Géry Brusselmans
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