Cinéma – A l’aventure de la double culture


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Cinéma – A l’aventure de la double culture
Par La rédaction
Publié le - Modifié le
3 min

Wallay est le récit d’une initiation qui tombe à l’eau... lorsque l’enfant devient adolescent. Un retour au pays de ses origines avec un jeune acteur criant de vérité !

Cette semaine, la presse cinématographique se fera l’écho de La forme de l’eau, un film remarquable de Guillermo Del Toro, bien placé dans la course aux Oscars et c’est amplement mérité. Mes louanges iront donc à un autre film qui risque de passer inaperçu surtout si sa distribution est restreinte. Il s’agit de Wallay, le premier long métrage de Berni Golblat et, aussi, notre premier film burkinabé! Celui-ci a été projeté au dernier Festival du Film de Namur où il a obtenu le Prix du public.

Wallay raconte l’histoire d’Ady, 13 ans, qui n’écoute plus son père qui l’élève seul. Ce dernier, à bout de ressources, décide de confier son fils à son oncle Amadou le temps d’un été. L’oncle Amadou et sa famille habitent de l’autre côté de la Méditerranée… au Burkina Faso! Là-bas, à 13 ans, on se doit de devenir un homme, mais Ady, persuadé de partir en vacances, ne l’entend pas de cette oreille…

Ce film est donc le récit d’une initiation, de la découverte par un jeune adolescent du pays d’origine de son père, un monde et des racines dont il ignore tout. Pour ce jeune métis, pour ce gamin "occidentalisé", celles-ci ne représentent rien, lui pour qui les seules choses importantes sont ses baskets et son GSM! Ady, insouciant, probablement menteur, semble avoir "volé" l’argent que son père envoyait aux siens, restés au pays. Au prétexte de le faire rembourser, son oncle va garder son passeport et l’obliger à travailler pour rembourser sa dette, fruit de son vol. Mais entre l’euro et les francs CFA, il y a une différence d’échelle! Il en faut des heures, des jours et des mois pour rembourser en gagnant deux euros par jour!

"Petit blanc" et pas "vrai" homme

Le gamin devra se rendre compte que ses baskets ont peu d’importance ici, que l’eau est rare et précieuse, que l’électricité est aléatoire et la 4G absente. Que valent donc en ce pays ses chaussures, son GSM et sa tablette? D’autant que l’oncle veut lui mettre la pression et plus encore lorsque celui-ci apprend qu’Adi n’est pas circoncis. Il n’est donc pas un "vrai" homme. Il faut l’initier!

Pour emprunter ce chemin, l’oncle le fera aller vers ses origines. Il rencontrera les membres de sa famille, en particulier sa grand-mère. Prise de tendresse pour ce "petit blanc", elle se rend compte que cette initiation ne fait pas partie de la culture de cet enfant et n’est pas sans risque.

Entre un oncle qui ne veut rien dire et un gamin qui ne veut rien savoir, ce sera l’occasion de quelques péripéties sur un lac! Puis les premiers émois amoureux, les baisers, le dépouillement des biens de consommation occidentaux vont obliger l’un et l’autre à se jeter à l’eau pour de nouvelles prises de conscience qui vont les libérer du poids du passé et des traditions. Mais aussi ouvrir un avenir à celui qui est désormais un adolescent qui marche vers la vie adulte.

Charles DE CLERCQ - RCF

A découvrir également, l’émission « Les 4 sans coups »: deux fois par mois, Charles De Clercq invite ses amis critiques cinéma à partager leur passion pour les films du moment. Une discussion riche en échanges contradictoires, mais toujours dans la bonne humeur! Les 1er et 3e vendredis du mois à 21h, le lendemain à 17h et le surlendemain, dimanche à 13h00. Egalement accessible en podcast sur rcf ou sur les4sanscoups.be.

Catégorie : Culture

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