
La crypto-monnaie a pris de l’importance avec son entrée récente sur le Chicago Board Options Exchange (Cboe).
Avec un cours multiplié par 17 l’an passé, le bitcoin est devenu une crypto-monnaie aussi populaire qu’une rock star. Elle attire certains investisseurs et séduit les jeunes. Mais elle fait peur à de nombreux économistes qui redoutent d’avoir en face d’eux une bulle qui risque d’éclater. Avec des effets bien plus désastreux que les crises financières précédentes.
Bitcoin. Pour le grand public, ce terme abscons reste synonyme de brouillard épais. Une crypto-monnaie qui défraie l’actualité, inquiète économistes et banques centrales et suscite un succès populaire sans précédent depuis son apparition en 2009. Le bitcoin (pour bit, unité d’information binaire et coin, pièce de monnaie), est devenu un réel phénomène, incontournable, qui a marqué l’année 2017 par une progression de son cours sans précédent.
Un investissement très (trop) risqué
La particularité de cette monnaie virtuelle (la plus connue, mais pas la seule existante) est qu’elle n’est tributaire d’aucune institution financière. Ni banque, ni Etat. Sans entrer dans les détails techniques, elle repose sur un programme informatique codé par quelque 10.000 informaticiens. Une devise qui traîne également sa part d’ombre. Elle a longtemps servi de monnaie pour les criminels cachés au sein du Dark Net pour régler leurs activités illégales. Un usage douteux qui serait aujourd’hui en perte de vitesse. La monnaie cherche à se refaire une image plus… propre.
Ceci dit, cette monnaie virtuelle, indépendante, qui intéresse la génération 2.0., à quoi sert-elle? Pourquoi l’utiliser? Pour dépenser en ligne pardi! Ils seraient plus de 100.000 commerces à accepter la monnaie virtuelle pour régler des achats sur Internet. Des investisseurs, plus téméraires que les autres, plus fous diront certains, en achètent aussi. Comme placement. En espérant en retirer un bénéfice ultérieur. Le goût du risque poussé à l’extrême selon des spécialistes. Dont l’économiste Bruno Colmant ou Jamie Dimon, CEO de la banque américaine JPMorgan Chase. Dans un entretien accordé à la chaîne CNBC en octobre dernier, il avait ironisé sur les gens assez stupides pour acheter des bitcoins. Un mois plus tôt, il avait même qualifié de fraude cette monnaie virtuelle avant de regretter sa déclaration.
La crypto-monnaie a pris de l’importance avec son entrée récente sur le Chicago Board Options Exchange (Cboe). Une cotation que certains voient comme une marque de reconnaissance. Mais tous les experts ne sont pas de cet avis.
L’arbre ne monte pas jusqu’au ciel
De nombreux économistes redoutent que derrière cette histoire à succès se cache une bulle financière qui pourrait faire mal. Très mal. Le professeur Bruno Colmant, qui nous livre un entretien dans le journal Dimanche, ne dit pas autre chose et déconseille aux investisseurs de tenter le diable.
Comme l’or au temps de la ruée en Californie, le bitcoin rend fou. Deux camps s’affrontent. Le premier qui voit dans le bitcoin une sacrée révolution et le second, qui redoute une crise financière pire que celle de 1929. L’avenir dira qui avait raison. Mais peut-on rester sérieux face à une monnaie qui a multiplié par 17 sa cotation en un an? Où est l’explication logique?
Pour ceux qui auraient l’envie de prendre le train en marche et de miser sur la poursuite de la hausse de cette crypto-monnaie, il n’est pas inutile de leur remettre en mémoire ce dicton présent dans les milieux boursiers et toujours vérifié: les arbres ne montent pas jusqu’au ciel. Et ceci est valable aussi pour le bitcoin.
Philippe DEGOUY