Ce ne sont pas les chantiers et dossiers « chauds » qui manquent pour cette rentrée de l’année scolaire 2017-2018. Petit tour d’horizon avec l’Union francophone des Associations de parents de l’enseignement catholique.
Que ce soit le Pacte d’excellence, l’éducation à la vie relationnelle, affective et sexuelle (EVRAS), le décret « Inscription » ou celui sur les titres et fonctions, mais aussi les cours d’éducation à la philosophie et à la citoyenneté (EPC); ce sont autant de chantiers qui jalonneront dans les prochains mois et prochaines années, le système éducatif en Belgique francophone. On sait que notre système éducatif est décrié, que les résultats des élèves sont médiocres si on se réfère à l’enquête PISA menée tous les trois ans auprès de jeunes de 15 ans dans les trente-quatre pays membres de l’OCDE. Faut-il dès lors revoir en profondeur l’enseignement francophone? Ce n’est pas l’avis de Bernard Hubien, secrétaire général de l’UFAPEC. Celui-ci rappelle qu’après avoir fait le constat que l’école aujourd’hui produit énormément d’échecs et beaucoup d’exclusions, les travaux du Pacte pour un enseignement d’excellence, lancé après plusieurs années de travail réunissant l’ensemble des acteurs de l’enseignement obligatoire, entend vraiment être une refondation de l’école. Et ce, pour permettre des parcours scolaires de réussite.« Depuis de nombreuses années, beaucoup de voix s’élevaient pour que quelque chose se passe. Maintenant, c’est le début d’une aventure au long cours qui s’inscrit dans une perspective à l’horizon 2030 », dit-il, précisant que le but est d’avoir une école qui assure pour chaque enfant des parcours adaptés et qui lui permettent d’entrer dans la vie adulte avec un bagage suffisant pour la réussir.
Aménager le décret « Inscription »
Un autre dossier fait toujours grincer des dents: le décret « Inscription ». Alors que certains partis politiques demandent sa suppression, il semble que ce décret est désormais acquis, même s’il ne permet pas de tout résoudre. Ainsi, quelques jours avant la rentrée, on comptait encore 213 enfants sans école! Pour l’UFAPEC, il y a urgence, car les parents posent des choix qui ne correspondent pas au nombre de places ouvertes. « Depuis 2010, nous soulignons toutefois un des atouts du décret, à savoir le formulaire unique d’inscription équivalent pour tous. En revanche, nous critiquons les critères qui permettent de classer les enfants. Pour nous, ils ne rencontrent pas les choix posés par les parents. Ainsi, les critères géographiques de distance entre école primaire et secondaire, ou entre l’école et la maison, ont plus de poids que le critère du choix parental. Nous demandons que ce critère du choix des parents ait un poids déterminant dans le calcul de l’indice », poursuit le secrétaire général de l’UFAPEC.
Enfin, il y a un dossier qui oppose laïcs et catholiques, à savoir l’Education à la Vie Relationnelle, Affective et Sexuelle (EVRAS), en vigueur depuis 2012. La FAPEO (Fédération des Associations de parents de l’Enseignement officiel) souhaite qu’une liste soit établie reprenant les associations autorisées à intervenir dans les écoles. C’est ce qu’elle appelle le « label contraignant » dont l’UFAPEC ne veut pas entendre parler. Elle lui préfère l’établissement d’une « charte » reprenant les obligations, mais qui laisserait la liberté aux écoles de choisir les associations destinées à intervenir dans cette matière. « Il est important de commencer par le relationnel qui est fondamental et doit se passer en continuité du parcours scolaire. On réduit trop souvent le relationnel et l’affectif au sexuel. Il y a des périodes, où l’affectivité se manifeste principalement dans des relations d’amitié et où les questions de sexualité sont beaucoup plus latentes. Le début de l’école primaire n’est pas une période où l’on parle activement de sexualité avec les enfants. Par contre, l’amitié est très importante et le relationnel encore plus puisqu’on éprouve le vivre ensemble dans un groupe non choisi avec lequel on va passer ses journées. Aujourd’hui, certains voudraient qu’on labellise les intervenants possibles dans les écoles. Nous y sommes opposés dans la mesure où cela induit une série de critères contraignants à rencontrer. Nous pensons qu’à force de vouloir la labellisation, on tend également vers une uniformisation des interventions. Cela ne nous semble pas bon ». Mais alors, comment encadrer ces éventuels intervenants? Par une charte, répond le secrétaire général de l’UFAPEC.« Nous proposons que cette charte se vive sous une forme de convention où, chaque intervenant extérieur s’engage à rencontrer différents points. Dire un cadre à travers une charte et une convention, nous semble bien plus intéressant dans la mesure où c’est la direction de l’école qui invite. Elle doit pouvoir être libre d’inviter les personnes qui lui semblent les plus appropriées à répondre aux attentes des jeunes ».
Bernard Hubien fustige encore l’idée d’un réseau d’enseignement unique prônée par certains. Pour lui, il y a là une volonté d’instaurer une pensée unique. « Dans l’enseignement catholique, il y a un projet fondamental qui se traduit dans un document « Mission de l’école chrétienne ». Ce document est la base de l’école catholique en Belgique francophone; il préconise de considérer chaque enfant, comme un individu unique, essayant de porter sur lui le regard que Dieu lui-même porte sur cet enfant. ça, c’est fondamental! »
Jean-Jacques Durré
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