A quelques heures de la rentrée des classes, les sujets concernant l’enseignement en Belgique francophone ne manquent pas.
Que ce soit le Pacte d’excellence, l’éducation à la vie relationnelle, affective et sexuelle (EVRAS), le décret « Inscriptions » ou celui sur les titres et fonctions, mais aussi les cours d’éducation à la philosophie et à la citoyenneté (EPC); ce sont autant de chantiers qui jalonneront dans les prochains mois et prochaines années, le système éducatif en Fédération Wallonie-Bruxelles. Et la crise politique que traverse cette dernière n’est pas faite pour clarifier les choses.
Alors que certains partis politiques demandent la suppression pure et simple du fameux décret « Inscriptions », il semble que celui-ci est désormais acquis dans la mesure où il a permis une meilleure transparence dans les inscriptions et surtout d’éviter les longues files d’attente devant les écoles, comme on en a connus dans le passé. Certes, des choses doivent être améliorées dans ce décret. Même ses initiateurs le reconnaissent. Notamment la révision du critère géographique. De plus, ce décret ne permet pas de tout résoudre. Ainsi, quelques jours avant la rentrée, on comptait encore 213 enfants sans école! IL faut donc l’améliorer.
Bras de fer
La rentrée 2017-2018 verra aussi l’introduction dans le secondaire officiel du cours d’éducation à la philosophie et la citoyenneté (EPC). Mais là aussi, les choses ne sont pas prêtes, certains enseignants de cette matière ne connaissent pas encore ce qu’ils doivent enseigner, ni où ils seront envoyés pour dispenser ces cours.
Du côté des directeurs d’école, cela grince aussi! Ils tirent à boulets rouges sur le décret « Titres et fonctions », qui leur empoissent, disent-ils, la vie. Pourtant la ministre de l’Enseignement obligatoire, Marie-Martine Schyns, a promis d’apporter des aménagements à cette circulaire qui ne permet plus aux chefs d’établissement de choisir des professeurs pour enseigner une matière, même s’ils n’ont pas les titres requis. Du coup, le risque est grand de voir les élèves privés de certains cours, en cas d’absence d’un professeur.
Par ailleurs, un autre dossier brûlant oppose laïcs et catholiques, à savoir l’Education à la Vie Relationnelle, Affective et Sexuelle (EVRAS), en vigueur depuis 2012. La FAPEO (Fédération des Associations de parents de l’Enseignement officiel) souhaite qu’une liste soit établie reprenant les associations autorisées à intervenir dans les écoles soit établie. C’est ce qu’elle appelle le « label contraignant » dont l’UFAPEC (Union francophone des Associations de parents de l’Enseignement catholique) ne evut pas entendre parler. Elle lui préfère l’établissement d’une « charte » reprenant les obligations, mais qui laisserait la liberté aux écoles de choisir les associations destinées à intervenir dans cette matière. Un véritable bras de fer qu’il faudra régler.
Gratuité?
Enfin, la Ligue des Familles revient, comme à chaque fois en début d’année scolaire, sur le coût de l’enseignement en Belgique francophone. Car, si la Constitution belge garantit un accès gratuit à l’enseignement, ce droit n’est pas encore une réalité. C’est le constat que fait la Ligue qui estime toutefois que cela pourrait changer, grâce au Pacte d’excellence. Certes, l’objectif de gratuité scolaire est inscrit dans le cadre des travaux du Pacte pour un Enseignement d’excellence, qui stipulent un préalable indispensable : objectiver la situation actuelle. C’est ce à quoi s’est attelé la Ligue avec le soutien de la ministre de l’Education. A cet égard, la Ligue des Familles a réalisé une enquête démontrant que la rentrée entraîne des coûts plus élevés que le reste de l’année et que des frais interdits sont demandés à des parents. Autres points noirs pour le portefeuille: les frais de matériel très importants dans l’enseignement professionnel et les coûts des voyages scolaires. Ces derniers sont pointés du doigt comme entraînant des difficultés de paiement pour de trop nombreux parents. 14% des jeunes n’ont pas participé à au moins une sortie en 2016, avec pour cause le coût dans 75% des cas. D’autres éléments renforcent le constat de pression sur le budget des parents, même si les difficultés financières restent difficiles à aborder. Ainsi, si 8% des répondants admettent que le paiement des frais scolaires est problématique, 47% des sondés choisissent de ne pas répondre à cette question. Autre indice, 23% des parents indiquent avoir eu recours à la solidarité familiale pour faire face aux coûts scolaires.
Réagissant à cette enquête menée dans le cadre des travaux du Pacte pour un Enseignement d’excellence, la ministre Marie-Martine Schyns juge qu’il s’agit d’une première étape en vue d’atteindre progressivement la gratuité à l’école, par niveau d’études et type de frais. Elle affirme que le renforcement de la gratuité sera envisagé de manière progressive en priorité dans l’enseignement maternel, puis dans l’enseignement primaire, puis dans l’enseignement secondaire en fonction des types de frais (d’abord les frais dits « scolaires » et les frais « d’accueil »).
Ce ne sont donc pas les chantiers et dossiers « chauds » qui manquent. Mais, on peut déjà se réjouir qu’ils ont enfin été identifiés et qu’au cours de l’application du Pacte d’excellence – qui s’étale sur dix ans – ils pourront être examinés. Reste bien sûr à passer de la parole aux actes, en veillant à ce que notre système éducatif devienne plus performants pour l’avenir de nos enfants.
J.J.D.