Comment faire du neuf avec de l’ancien? Apparue au 19e siècle, la coopérative est revenue en vogue suite au développement de l’économie sociale et solidaire.
Une coopérative est un regroupement de personnes et d’une entreprise fondée sur la participation économique de tous ses membres. Les fondements de base sont l’association volontaire, la démocratie dans le fonctionnement et l’esprit de service, et non de profit! La coopérative est donc un modèle économique qui défend le principe d’égalité de voix entre les membres. Peu importe la part investie dans le projet, 1 coopérateur = 1 voix.
Depuis 2002, l’organisation Internationale du Travail (OIT) recommande la structuration coopérative du travail. 2012 fut l’année internationale des coopératives avec l’organisation d’un premier Sommet international des coopératives au Québec.
Un peu d’histoire
Le modèle coopératif est né spontanément au sein de la classe ouvrière en réaction contre les privilèges du capitalisme et a trouvé ses premières expressions dans le milieu agricole et le secteur alimentaire.
En Belgique, au milieu du 19e siècle, certains politiques pensaient que la coopération pouvait être un remède à la misère sociale. On a alors vu apparaître ce que l’on appelait à l’époque des sociétés de secours mutuels. D’autres y voyaient la possibilité de centres d’agitation révolutionnaire. Néanmoins, la loi créant la société coopérative est votée en 1873. Parmi la trentaine de coopératives constituées légalement dès 1875, on comptait 20 banques populaires, 14 sociétés de consommation et sociétés de production. La plupart de ces sociétés étaient d’inspiration socialiste. Et c’est là une caractéristique belge: les coopératives auront presque toujours une coloration politique.
Durant la période 1880-1885 apparaissent les premières coopératives neutres. Il faudra attendre le lendemain de la guerre 14-18 pour voir se développer la coopération chrétienne.
Le secteur de l’alimentation est le mieux représenté: boulangerie, boucherie, laiterie… Entre 1919 et 1944, on assiste à une extension vers les domaines de l’épargne et de l’assurance.
Vers le milieu du 20e siècle, les antennes de distribution moderne ont imité les pratiques de vente des coopératives – preuve de leur efficacité – pour s’en éloigner par la suite. Le modèle capitaliste centré sur le profit est à l’opposé de l’esprit initial d’équité et de service de la coopérative.
Les vins de Liège
Ingénieur commercial de formation, entrepreneur en économie solidaire et amoureux du bon vin, Fabrice Collignon a lancé le projet des Vins de Liège en 2009; aujourd’hui, il en assure la présidence du conseil d’administration.
« Par expérience, je sais que la coopérative est un bon outil économique, bon moyen de faire de l’économie. Construire le projet sous forme de coopérative à finalité sociale était une évidence pour moi vu mon implication dans d’autres projets du même type« , nous confie Fabrice Collignon.
La coopérative est née en décembre 2010. Les premières années ont surtout été mises à profit pour faire la promotion du projet et acquérir des terrains. Les premiers pieds de vigne sont plantés en mai 2012. En janvier 2014, l’appel à souscription est clôturé; il vient d’être rouvert en juin dernier. En quinze jours, les Vins de Liège ont récolté 1 million d’euros! « Les gens sont prêts à prendre le risque d’investir leur argent dans des projets qui ont du sens. Et nous leur proposons d’investir non seulement de l’argent mais aussi du temps dans la rencontre et la découverte du monde de la vinification« , nous explique Fabrice Collignon.
Les coopérateurs peuvent venir une fois par mois participer aux travaux de la vigne. Lors des journées portes ouvertes, près de 80 coopérateurs sont venus aider la société pour présenter «leurs» vins. Un autre moment fort sont les vendanges. « Nous sommes toujours en réflexion sur la façon d’augmenter le degré de participation des coopérateurs dans le projet car il est très important pour nous que le vignoble soit un lieu de rencontre entre les coopérateurs », souligne Fabrice Collignon.
Les coopérateurs ont donc leur mot à dire pour toutes les décisions importantes qui concernent le domaine lors des CA, au sein de groupes de réflexion et lors de deux séances plénières annuelles.
Comme retour sur investissement, les coopérateurs bénéficient d’ores et déjà d’une réduction de 5% sur leur commande et disposent d’un droit d’accès prioritaire lorsque la production est limitée. les Vins de Liège ont pour ambition de redistribuer des dividendes aux coopérateurs à l’horizon 2022-2023.
Sophie Delhalle