La reconstruction de logements et d’un couvent a débuté dans le nord de Mossoul, au grand soulagement des villageois. Deux sœurs dominicaines témoignent de l’utilité de leur présence et de leurs espoirs.
Sœur Luma Khuder et sœur Nazek Matty, des sœurs dominicaines de Sainte Catherine de Sienne du couvent « Notre-Dame du Rosaire » de Teleskuf, au nord de Mossoul, voient comme un signal encourageant l’engagement des Églises chrétiennes en Irak en faveur de la reconstruction des villages chrétiens de la plaine de Ninive, détruits par l’État Islamique autoproclamé. Le 27 mars dernier, l’Église syro-catholique, l’Église syro-orthodoxe et l’Églises chaldéenne ont institué une commission (Commission de reconstruction de Ninive, CRN) dont la tâche est de suivre et de planifier la reconstruction de près de 13.000 logements.
Avant 2014, les dominicaines de Sainte Catherine de Sienne disposaient de couvents dans de nombreuses villes de la plaine de Ninive. Puis l’État Islamique est arrivé, et les 70 religieuses sont devenues des ‘déplacées internes’. « En 2014, à peine arrivées à Erbil – explique sœur Luma – nous avons commencé à distribuer de la nourriture, du lait et des couches. Nous avons ouvert des ‘couvents d’urgence’, pour être aussi proches que possible des chrétiens déplacés, pour les servir et pour être avec eux. En 2015, une fois que les personnes déplacées ont été installées dans des logements plus définitifs, nous avons ouvert deux écoles, l’une à Ankawa, au nord d’Erbil, et l’autre à Dohouk. L’école d’Erbil est fréquentée par environ 600 enfants âgés de 6 à 13 ans. Nous avons également ouvert une école maternelle qui accueille 392 enfants. » Maintenant, la situation est en train de changer. « Le nombre de déplacés internes au Kurdistan – note sœur Nazek – diminue lentement. A Teleskuf, il n’y a plus de danger, et plusieurs familles sont retournées chez elles. » « L’Aide à l’Église en Détresse – ajoute enfin sœur Luma – commence à reconstruire les maisons, y compris à Teleskuf. L’État Islamique est resté dans ce village pendant une courte période, et les maisons ne sont pas trop endommagées. Là, nous réparons aussi notre couvent Notre-Dame du Rosaire. Nous aimerions y retourner aussitôt que possible, ainsi que les gens qui sont maintenant fatigués de vivre loin de chez eux. »
Un ‘effet domino’
« Nous savons que depuis janvier 2017, environ 450 familles sont retournées à Teleskuf, et beaucoup d’autres se préparent à rentrer chez elles », explique Don Andrzej Halemba, référent de l’Aide à l’Église en Détresse pour le Proche-Orient et président exécutif de la Commission ‘Niniveh reconstruction’. « Parmi tous les villages de la plaine de Ninive, Teleskuf est à ce jour le plus sûr. La zone est contrôlée par l’armée kurde. Nous espérons que le retour des familles chrétiennes à Teleskuf aura un ‘effet domino’ sur les familles des autres villages qui hésitent encore à revenir, de peur que la situation ne soit pas encore complètement sécurisée. L’Aide à l’Église en Détresse contribuera à hauteur de plus de 40.000€ à la restauration du couvent dominicain de Teleskuf. Les sœurs doivent revenir au plus tôt, les familles ont besoin d’elles. » Dans toute la plaine de Ninive, ce sont au total 363 biens ecclésiastiques qui ont besoin d’être restaurés suite aux attaques de l’État Islamique : 34 ont été totalement détruits, 132 incendiés, 197 ‘partiellement endommagés’. Rien qu’à Teleskuf, on compte plus d’un millier de maisons de particuliers et une vingtaine de biens ecclésiastiques endommagés par l’État Islamique.
AED