La Flandre toute entière vit la dernière semaine ouvrable de l’année sous l’envoûtement d’une action caritative populaire. « De warmste week » (« La semaine la plus chaleureuse ») de Music For Live a été lancée il y a dix ans par Studio Brussel, la radio publique pour les jeunes. Le concept était simple: quelques disc-jockeys se faisaient enfermer pendant une semaine dans un studio transparent – « Het glazen huis » – sur une place publique à Gand ou Louvain ou Anvers et y programmaient de la musique à la demande des auditeurs en échange d’un don. Ces dons étaient destinés pour une action mise en évidence par la Croix Rouge flamande : l’aide aux victimes des mines anti-personnnel en 2006, la lutte contre la malaria en 2009, etc.
Mais depuis 2013, les DJ vivent pendant une semaine dans une grande tente en forme d’igloo dans le domaine provincial De Schorre à Boom et les auditeurs peuvent choisir eux-mêmes les œuvres caritatives qui pourront bénéficier de la recette de l’opération. Des centaines d’auditeurs organisent des actions çà et là pour récolter des fonds ; « Iedereen zorgt voor iedereen » – « Tout le monde prend soin de tout le monde » – d’après le slogan de l’édition de cette année. L’année dernière, « la semaine la plus chaleureuse » a été clôturée avec un montant total de plus de 5 millions d’euros. Cette année, le nombre d’organisations auxquelles les dons peuvent être destiné dépasse largement les mille, de Greenpeace à la ligue Braille en passant par des petites associations locales très diverses.
Pour la première fois cependant, l’initiative suscite aussi la critique. Est-ce que tout cet enthousiasme compense la politique publique défaillante dans la lutte contre la pauvreté, les listes d’attente dans les institutions pour handicapés, la réduction des budgets pour la coopération au développement, le manque d’engagement réel des autorités dans le défi climatologique, etc. ? Un internaute le formulait ainsi: « Dès que je vois un ministre avec un gros chèque, je lance mes godasses à l’écran ! » Dans De Morgen, les DJ Eva De Roo et Linde Merckpoel se défendent : « Le choix des bonnes œuvres ne devrait peut-être pas être déterminé selon l’humeur des auditeurs ; mais l’engagement des gens qui, pendant toute l’année, préparent l’action qu’ils vont faire est tout à fait réel. »
Benoit Lannoo