Repartant vers son pays natal après avoir passé plus d’une semaine en Europe, le patriarche Louis Raphaël Sako de l’Église chaldéenne épingle trois moyens d’action concrets pour aider l’Irak. Garantir la sécurité des minorités, reconstruire le pays dévasté et prier, telles sont les trois attitudes à déployer depuis la Belgique.
Le Patriarche de Babylone des Chaldéens, Louis Raphaël Sako, a profité de sa visite avec le Comité de Réconciliation nationale en Irak auprès des autorités belges et européennes pour rendre visite à ses communautés en Belgique. Il a célébré l’eucharistie à Bruxelles et Anvers et a rencontré ses prêtres exerçant leur ministère en Belgique – Musa Yaramis, Idres Emlek, Suleyman Öz et Paulus Sati – ainsi que leurs communautés. Il leur a fait part de sa tristesse et de sa joie après sa visite aux villages chrétiens déjà libérées de Daesh aux alentours de Mosoul. « Tristesse parce que tout est détruit, en particulier les lieux de culte chrétiens ; mais joie aussi parce que nous pouvons entamer leur reconstruction et nos gens pourront rentrer chez eux. » Mais Mosoul n’est pas encore libérée, et Mgr Louis Raphaël Sako craint le pire : « Pas moyen de s’échapper de la ville ; la libération pourrait tourner en massacre. »
La terre irakienne
« L’Irak est notre pays », dit l’archevêque chaldéen de Bagdad, « la terre irakienne fait partie de notre identité. » Cette affirmation n’empêche le patriarche de se rendre compte des difficultés que pose la réconciliation des communautés religieuses. « Nos villages ont été pillés par les villages voisins ; il ne sera pas évident de rétablir la confiance. » C’est pourquoi Mgr Louis Raphaël Sako reste convaincu que la communauté internationale doit garantir la sécurité des minorités dans l’Irak de demain, sans pour autant s’exprimer sur la manière de procéder. Il s’agit en effet d’un point de discussion encore sensible au sein du Comité de Réconciliation nationale que les autorités irakiennes ont installé il y a quelques mois.
En faveur d’un Etat séculier
L’idéal du patriarche est un état séculier – pas laïque ! – où tout membre de communautés majoritaire ou minoritaire « puisse se sentir avant tout irakien, avant d’être chrétien ou yézidi, sunnite ou chiite, arabe ou kurde, etc. » Mais pour y arriver, il faudra naturellement d’abord reconstruire le pays. « Sans appui de la communauté internationale, nous n’y arriverons pas », prévient le patriarche. « Il faudra démontrer aux jeunes irakiens qu’ils ont un avenir au pays, si nous voulons arrêter le ‘brain drain’ massif que nous connaissons maintenant. » Le patriarche appelle dès lors la tout un chacun « à être généreux pour la reconstruction des villes et des maisons, des routes et des ponts, des écoles et des hôpitaux, mais aussi des églises et autres lieux de culte. Et surtout : priez pour nous ! Que les forces du mal laissent la place pour la paix divine dans nos cœurs, entre nous et entre nos communautés. »
Benoit Lannoo
(c) H&H Foto studio