Depuis l’église de la Réconciliation, l’édifice qui accueille les pèlerins à Taizé pour la prière, frère Alois a proposé une méditation sur l’accueil de l’Autre différent, le 14 juillet dernier. Des paroles prononcées avant l’attentat qui s’est déroulé le même jour à Nice.
Pour nous tous, le mot réconciliation évoque des conflits et des divisions qui nous interpellent et que nous souhaiterions résoudre. Mais il nous faut faire d’abord une autre démarche. Elle consiste à accueillir la réconciliation que Dieu nous offre. Le Christ, même s’il reste invisible à nos yeux, nous accueille. Il n’est pas venu pour les parfaits, mais pour nous rejoindre là où nous sommes et nous accompagner sur un chemin qui nous fait grandir dans l’amour. Il est venu pardonner et guérir.
Cette réconciliation avec Dieu nous est donnée inconditionnellement. En nous, elle peut déborder en bienveillance pour les autres. Elle élargit notre amour pour les autres. Commençons par nos proches, nos familles, nos communautés, dans nos lieux de travail ou d’étude. Que nos paroisses et nos communautés soient des lieux de bienveillance. Et nous devons apprendre à accepter l’autre aussi quand il est différent de nous.
La réconciliation doit aussi s’élargir à ceux qui sont loin et je voudrais à ce propos dire un mot du défi que constitue dans beaucoup de pays du monde la migration. L’immense vague de réfugiés qui déferle sur l’Europe ne peut pas nous laisser indifférents. La guerre en Syrie fait grandir le nombre de réfugiés. Nous prions pour que vienne la paix pour ce pays et pour toute la région affectée par cette guerre. Mais la migration dépasse ce conflit. D’Afrique viennent des milliers de personnes, et cela ne va pas s’arrêter. Tant de réfugiés se sont noyés dans la Méditerranée. La réconciliation du Christ nous presse d’accueillir ceux qui arrivent. Bien sûr, en même temps il faudrait des politiques qui permettent aux gens de rester dans leurs pays avec la perspective d’un avenir digne.
Je voudrais ce soir faire une proposition simple. Que chacun de nous prenne un contact personnel avec des réfugiés. Beaucoup le font déjà. Prenons du temps avec eux, écoutons leur histoire. Ils viennent d’un monde différent du nôtre, ils ont une mentalité et un style de vie différents. Cela peut nous déstabiliser et même nous faire peur. C’est pourquoi des rencontres personnelles sont indispensables.
A Taizé, nous accueillons plusieurs réfugiés. Si cela demande beaucoup de nous, nous recevons plus que nous donnons. Ils nous ouvrent les yeux sur leurs pays d’origine, nous sentons leur souffrance d’avoir tout quitté. Dans notre région la solidarité se renforce. Beaucoup de gens que nous ne connaissions pas auparavant viennent aider à les accueillir. Parmi ces réfugiés il y a des musulmans et nous approfondissons notre connaissance de leur religion. Une amitié avec eux exige que nous ne fassions pas l’amalgame entre une idéologie islamiste inhumaine et la foi de tant de musulmans qui veulent la paix.
A lire en intégralité sur www.taize.fr