
Mgr Lemmens (à droite) et Mgr De Kesel relaient l’appel de Caritas à la solidarité.
Caritas international lance une nouvelle campagne de recherche de propriétaires solidaires pour que les réfugiés reconnus par le gouvernement belge puissent trouver un logement décent. Mgr De Kesel et Mgr Lemmens ont relayé cet appel, en visitant le Housing Café de Caritas.
Les personnes qui sortent des structures d’accueil pour demandeurs d’asile n’ont que deux mois pour trouver un logement. C’est un délai extrêmement court pour des réfugiés qui ne connaissent pas la langue, découvrent le pays et doivent convaincre des propriétaires parfois quelque peu réticents. De plus, pour bénéficier du revenu d’intégration sociale (RIS), les réfugiés reconnus doivent disposer d’une adresse, donc d’un logement. C’est un cercle vicieux dont il faut pouvoir se sortir au plus vite, sous peine de se retrouver sans-abri. « Des personnes qui ont dû fuir la guerre viennent en Belgique, reçoivent une protection et finissent pourtant à la rue », observe Anne Dussart. « Tout le monde est conscient de ce risque et nos responsables politiques doivent réagir », poursuit la directrice des opérations pour Caritas International.
Le Housing Café
Situé dans les locaux de Caritas International à Bruxelles, le Housing Café est un lieu convivial où les réfugiés peuvent trouver de l’aide et des conseils pour leur recherche de logement. Les Housing Cafés sont situés dans les grandes villes (Bruxelles, Liège et Anvers) ce qui en facilite l’accès. Toutefois, les « coachs d’intégration » de Caritas sensibilisent les demandeurs à la possibilité de s’orienter hors de ces grandes villes. Une maman syrienne, arrivée en Belgique avec son fils, raconte ses difficultés pour s’installer: « C’était mon objectif de venir dans ce pays, mais là, je ne trouve aucune solution à Bruxelles. » Heureusement, Nawfal qui vient au Housing Café en tant que bénévole, lui traduit les informations disponibles sur Internet précisant les démarches nécessaires. Ce bénévole est lui-même réfugié reconnu, installé à Bruxelles depuis 5 ans, il est originaire d’Irak. Anne Dussart confirme qu’il est essentiel « de pouvoir compter sur des personnes qui parlent l’arabe et le français, sans quoi la communication devient très difficile ».
Le soutien des évêques
Le 21 août 2015, voyant que l’Office des étrangers était débordé face à une vague de réfugiés que la Belgique n’avait plus connu depuis le conflit en Yougoslavie, Caritas avait lancé un premier appel à la solidarité destiné aux propriétaires belges. 500 propriétaires s’étaient alors proposés, ce qui avait abouti à 136 logements qui accueillent aujourd’hui 230 personnes originaires de Syrie, d’Irak, d’Erythrée ou du Burundi. Depuis cette date, de nombreux demandeurs d’asile ont obtenu le statut de réfugié. Aujourd’hui, ce sont 2.000 logements qui faut trouver pour accueillir 10.000 réfugiés. Face à cette détresse humaine, l’archevêque de Malines-Bruxelles et l’évêque auxiliaire du Brabant flamand sont venus mercredi 6 avril soutenir l’appel aux propriétaires solidaires. Mgr Léon Lemmens exprimait déjà le dimanche 3 avril cet appel « à toutes les paroisses et communautés chrétiennes, de prendre soin d’au moins un réfugié ou une famille de réfugiés ». Il demande également aux responsables et gestionnaires immobilier de l’Eglise, de vérifier si certains biens peuvent être loués à des réfugiés. « Parce que le besoin en logements est énorme, l’afflux de réfugiés demande un tsunami de solidarité », souligne Mgr Lemmens. Lors de sa visite du ‘Housing Café’ de Bruxelles, Mgr Jozef De Kesel s’est dit très ému par l’implication de volontaires qui s’investissent dans la recherche d’un logement pour ces réfugiés. L’archevêque de Malines-Bruxelles explique avoir été très marqué par la situation des réfugiés installés dans des camps aux frontières de la Syrie: « A Erbil, la plus grande ville après Mossoul et Bagdad, avec 2 millions d’habitants, j’ai visité un camp qui, à lui seul, accueillait 10.000 personnes. Sur place, la solidarité est remarquable, j’ai rencontré une paroisse qui avait loué 50 appartements pour y loger à chaque fois deux familles. (…) Mais il faut bien se rendre compte que la majorité des réfugiés se trouve dans leur propre pays et qu’il est impossible de rester dans ces camps. Que fera-t-on dans les prochains mois? », s’inquiète Mgr De Kesel. La Belgique y répond partiellement par la réinstallation. En 2015, notre pays a ainsi accueilli 276 réfugiés syriens à partir de camps installés au Liban.
La solidarité de tous
Suite à l’appel lancé en 2015, des évêchés et des paroisses se sont mis en action à travers tout le pays. « Ca ne veut pas dire que toute paroisse, comme le demande le pape François, aura la possibilité d’accueillir un réfugié », tempère Gilles Cnockaert, responsable de la communication de Caritas International. « Mais il y a plein de mouvements de solidarité, des comités de soutien collectif et même des gens qui se sont unis pour trouver une maison et la remettre en état afin d’y loger des réfugiés », note encore Gilles Cnockaert. A Bruxelles-centre, quatre appartements ont également été mis à la disposition de réfugiés par l’Unité pastorale. « Ce n’est pas toujours facile mais les gens qui tentent l’expérience ont le sentiment que ça leur a beaucoup apporté. Avec cet appel aux propriétaires solidaires, nous avons décidé de prévenir une crise qui était peut-être moins visible que celle que nous avons observée sur la route des Balkans, en Grèce et jusqu’au parc Maximilien. C’est notre responsabilité, en tant que Caritas, de trouver des solutions à plus long terme pour celles et ceux qui ont aujourd’hui un avenir à construire en Belgique », conclut Gilles Cnockaert. Caritas lance également un appel aux volontaires qui pourraient se rendre disponibles pour coacher les familles et accompagner les réfugiés dans leurs démarches d’intégration.
AF.d.B/M.V. L
Plus de renseignements sur le site www.caritasinternational.be