L’Institut et le Séminaire ont célébré leur fête patronale. L’occasion de remettre des diplômes et de réfléchir sur la place de la religion dans l’espace public.
Au Séminaire de Tournai et à l’Institut Supérieur de Théologie du Diocèse (qui y a son siège), on fête chaque année saint Charles Borromée. Archevêque de Milan au 16e siècle, ce dernier a en effet beaucoup travaillé à l’amélioration de la formation du clergé, et ce dans l’esprit du renouveau amorcé par le concile de Trente. Et cette année, c’est l’Institut qui prenait en charge cette fête. Douze de ses élèves ont ainsi reçu le CDER en d’autres termes le parchemin qui leur donne le feu vert pour enseigner la religion au niveau secondaire. Une a reçu le DERDI qui permet aux enseignants du maternel d’enseigner la religion en primaire. Et 32 autres ont terminé une formation complémentaire pour pouvoir enseigner la religion en primaire dans le réseau libre alors qu’ils viennent de l’enseignement officiel ou y enseignent.
Une période incertaine pour les cours de religion
Cette remise de diplômes s’inscrit dans un contexte particulier, a dit l’abbé Cossement, car nous vivons une période incertaine pour les cours de religion : « Ceux qui tiennent aux cours de religion perdent du terrain au profit de ses détracteurs », a-t-il dit en substance. Cela pose la question de la vraie place du cours de religion dans la société.
Cette interrogation a permis de faire le lien avec la conférence qui suivait, donnée par Etienne Montero sur la place de la religion dans l’espace public. Le professeur à l’Université de Namur, a ainsi détaillé les confusions et les malentendus qui frappent les notions de religion et de laïcité, en prenant le soin de distinguer la laïcité politique de la laïcité philosophique et théologique. Il a notamment levé les malentendus à propos de l’espace public, de la neutralité et des questions éthiques.
Malentendus
Dans la laïcité politique, l’Etat ne professe aucune vérité, a expliqué le professeur Montero. Il s’engage à être neutre vis-à-vis des religions, il ne leur fait pas allégeance et n’intervient pas dans leur organisation. La sphère civile et politique est distincte de la sphère religieuse. Mais la laïcité philosophique, qu’on appelle aussi idéologique, elle, n’est pas neutre: elle professe le libre examen. Et en Belgique, elle est reconnue depuis 2002, au même titre que les cultes. « Or, les laïcs intégristes, dit le professeur Montero, voient dans la religion un ennemi et veulent protéger le citoyen contre l’influence religieuse. Ils veulent que la religion soit strictement cantonnée dans la sphère privée. Et c’est là qu’on rencontre des malentendus, dit l’orateur, qui en voit trois : l’espace public qui est suffisamment vaste pour n’empêcher personne de s’exprimer; la neutralité des services publics, qui ne doit pas aboutir à gommer l’histoire d’une nation; et enfin les questions éthiques sur lesquelles les prises de positions des catholiques ne doivent pas être écartées. Et le professeur Montero de plaider pour une laïcité d’ouverture et de dialogue, sans exclusion.
P.G. (avec Hubert Wattier)
Le compte-rendu complet de cette journée sur le site du diocèse de Tournai