Afin d’assurer sa parution dans un contexte politique tendu, « Herald », un journal malaisien catholique, doit désormais s’autocensurer.
Ces derniers temps, les tensions entre les différents groupes ethniques et religieux sont vives en Malaisie. Aussi, les groupes de médias indépendants font-ils face à des pressions politiques. Le père Lawrence Andrew, le prêtre jésuite qui dirige le journal depuis sa création en 1994, se montre prudent: « C’est le seul journal que nous possédons, il existe depuis 21 ans, et si nous perdions notre autorisation d’impression, il serait difficile d’en récupérer une nouvelle. » Autrement dit, un dilemme se pose: est-il plus important de continuer à exister, même s’il faut se censurer, ou est-il préférable d’aborder tous les thèmes au risque de disparaître?
Un problème linguistique
« Herald » n’est pas étranger à la controverse. En 2009, la Haute Cour de Malaisie a accepté que les chrétiens parlant malais utilisent le terme « Allah » en référence à Dieu. Cette décision a été suivie par des troubles et des attaques envers les églises. Le gouvernement a alors fait appel et la Cour d’appel lui a donné raison, en 2013. Depuis, la section malaisienne du « Herald » n’utilise plus le mot « Allah ». Ce problème a été dénoncé internationalement, puisqu’il relève des droits des minorités.
Les chrétiens, qui représentent environ 10% de la population, sont victimes de persécution en Malaisie. Certes, les églises ne sont pas attaquées et il est encore permis de se promener en rue avec une Bible en main, mais ils ne peuvent plus utiliser le terme « Allah » pour parler de leur Dieu. Selon le père Andrews, si les persécutions religieuses en Malaisie ne sont pas encore voyantes, elles sont pourtant présentes: « La vulnérabilité existe, et la discrimination est présente, mais je pense que nous sommes plus vulnérables à la discrimination que réellement discriminés. »
A. T. avec Signis