Mémoire courte : L’édito de Jean-Jacques Durré


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Mémoire courte : L’édito de Jean-Jacques Durré
Par La rédaction
Publié le - Modifié le
3 min

JJDLa crise des migrants a désormais un prénom: Aylan. Celui de ce petit garçon de trois ans, qui avait la vie devant lui et qui est mort noyé et rejeté par la mer comme un déchet. Toute sa famille a péri, sauf le papa. J’ai un sentiment d’immense écœurement. Il a fallu cette photo qui a bouleversé le monde pour que les dirigeants de certains de nos pays réagissent enfin de façon humaine! Et pourtant, la vision de ce petit corps allongé, qui m’a ému comme tout un chacun, n’est que la partie visible d’une immense détresse qui se déroule sous nos yeux par l’intermédiaire des écrans de télévision et des médias, et ce, depuis des mois. Nous avons une mémoire courte. Faut-il rappeler qu’en 1940, plus d’un million de Belges ont pris l’exode sur les routes de France pour fuir l’avancée de troupes nazies? Ironie de l’Histoire, beaucoup se sont retrouvés à…Calais! Fin de la décennie 90, la guerre a déchiré l’ex-Yougoslavie et le Kosovo. La Belgique a alors accueilli 40.000 réfugiés, soit deux fois plus qu’aujourd’hui. Il faut le marteler à nos compatriotes.

Rappelons aussi à Viktor Orban, Premier ministre hongrois, qui érige des murs pour protéger son pays, qu’en 1956, lors de l’invasion soviétique dans ce pays pour réprimer la révolte de Budapest, quelque 200.000 Hongrois ont dû fuir en tant que réfugiés. Ce même Viktor Orban affirme que nos valeurs chrétiennes (qui subitement reviennent au-devant de la scène, alors qu’on les a écartées lors des discussions sur la Constitution européenne) sont attaquées: c’est faux! Nos valeurs chrétiennes sont attaquées par nous-mêmes, lorsque nous, croyants, nous restons indifférents: "C’est triste, mais c’est la guerre et on ne peut pas accueillir toute le monde". Elles le sont lorsque nous, croyants, nous perdons notre sens de l’accueil, de l’hospitalité et du devoir de protéger les plus faibles. "Ce que vous faites au plus petit d’entre les miens, c’est à moi que vous le faites" nous a dit le Christ (Mt, 25-40).

Heureusement, la mobilisation citoyenne, chez nous, mais aussi en Allemagne, en France et dans d’autres pays, est un grand coin de ciel bleu dans la grisaille de cette crise. Sans peut-être le savoir, ces citoyens qui se présentent pour accueillir et aider, apporter du réconfort, mais aussi de la nourriture et des vêtements, appliquent l’Evangile. "J’avais faim, et vous m’avez donné à manger; j’avais soif, et vous m’avez donné à boire ; j’étais un étranger, et vous m’avez accueilli…" (Mt 25, 35). Ils font aussi un joli pied de nez aux discours populistes et xénophobes. On ne peut que s’en réjouir. Ils montrent à nos dirigeants que le temps n’est plus aux discussions, mais à l’action pour aider ceux qui souffrent.

 

Jean-Jacques Durré

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