Les nominations, un système qui pénalise les jeunes enseignants


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Les nominations, un système qui pénalise les jeunes enseignants
Par Manu Van Lier
Journaliste de CathoBel
Publié le - Modifié le
3 min

prof classeFaciliter les nominations et "débétonner" le statut des nommés, ce sont les solutions proposées par le Secrétariat général de l'Enseignement Catholique pour sortir d'un cadre qui ne correspond plus aux réalités de l'enseignement.

Dans l'enseignement en Belgique francophone, les nominations se présentent sous la forme d'un système avec des conditions strictes, des règles de priorité et des délais variables qui sont rarement favorables aux jeunes enseignants. C'est la raison pour laquelle le directeur général du SeGEC, Etienne Michel, plaide dans le journal l'Avenir pour une révision des statuts de l'enseignant en matière de nomination. Pour le responsable du SeGEC, le bétonnage des nominations a un prix: la précarité du statut des jeunes profs qui attendent la leur.

La lutte des places

D'après l'Avenir, chaque année, seul un poste proposé aux enseignants sur deux serait réellement vacant et pourrait donc donner lieu à une nomination. Le reste correspond à des contrats de remplacement (27%) ou des contrats mixtes (25%). Dans ces conditions, les jeunes enseignants se trouvent confrontés à beaucoup d'instabilité et doivent faire face à de nombreuses désillusions durant leurs premières années de carrière. Etienne Michel, dénonce le côté quasiment irrévocable des nominations qui bloquent des postes presque ad vitam… et empêchent ainsi ceux qui ne sont pas nommés de le devenir rapidement.

Des professeurs indéboulonnables

Le directeur du SeGEC donne des exemples: "Un enseignant nommé qui a quitté son poste pour donner un cours différent garde sa nomination. Résultat: il bloque un poste. Et la personne qui le remplace n’aura pas, elle, la possibilité d’être nommée. C’est la lutte des places entre les novices et les nommés. Et c’est valable à tous les étages. Un prof qui devient directeur bloque également sa place de prof tant qu’il n’a pas été nommé officiellement comme chef d’établissement." Bref, s’il est très difficile d’être nommé, c’est, en partie, parce que précisément ceux qui le sont, sont virtuellement indéboulonnables, écrit Martial Dumont dans l'Avenir. Ainsi, un prof qui devient conseiller pédagogique ou inspecteur, bloque son poste pendant six ans. S’il trouve un autre job dans la fonction publique (y compris dans la politique), il peut rester nommé indéfiniment, précise l'Avenir. Et s’il décide de quitter l’enseignement pour le privé, son poste lui sera gardé au chaud pendant six ans. Pas étonnant que les jeunes profs se sentent sans perspective.

Quelles solutions?

Pour Etienne Michel, il faudrait "rendre les nominations plus faciles" en les décloisonnant et en améliorant les conditions d'accès. Le directeur du SeGEC plaide également pour la mise en place d’une évaluation des professeurs qui est presque inexistante actuellement. Et c’est précisément sur cela que voudrait travailler le Segec au sein des groupes techniques censés élaborer le pacte d’excellence voulu par Joëlle Milquet pour 2016.

Des négociations ardues sont à prévoir

Les syndicats (dont la CGSP Enseignement) ne partagent pas du tout les vues d'Etienne Michel. Pas question pour eux de toucher au statut des professeurs nommés. Pas question non plus d'évaluer les professeurs. Pour les syndicats, le régime disciplinaire actuel est suffisant. "Autant dire que les discussions sur le sujet, dans les semaines à venir, risquent d’être tendues", conclut Martial Dumont dans l'Avenir.

MVL

 


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