Vendredi 21 août, l’université d’été du Secrétariat général de l’enseignement catholique a réuni un nombre record de participants. Sur le thème « Mutation numérique, mutation scolaire? », ils étaient plus de 800 à s’être retrouvés à Louvain-la-Neuve pour réfléchir ensemble, débattre, échanger sur l’avenir de l’école.
Les yeux rivés sur le futur, c’est malgré tout l’école d’aujourd’hui qu’il faut réinventer. Repenser le système scolaire est au cœur des débats et le Secrétariat général de l’enseignement catholique (SeGEC) tient à englober dans ses réflexions l’influence de la mutation numérique à l’école. L’université d’été du SeGEC, organisée cette année le 21 août à Louvain-la-Neuve, a réuni plus de 800 spécialistes, enseignants et autres acteurs de l’école soucieux d’évoluer avec leur temps. Sur le thème « Mutation numérique, mutation scolaire? », les participants se sont penchés sur la capacité d’adaptation de l’école à la (r)évolution numérique et ont dégagé des lignes directrices cadrant la manière d’emboîter le pas des nouvelles technologies.
Après une brève introduction de Guy Selderslagh, le Directeur du Service d’étude du SeGEC, la onzième édition de l’université d’été s’est poursuivie avec le point de vue très attendu de Bruno Devauchelle. Cet enseignant, Docteur en sciences de l’éducation et chercheur associé au laboratoire des Technologies numériques pour l’éducation de l’Université de Poitiers, assure que le modèle actuel de l’école « n’est plus opérant » face à l’omniprésence des technologies et plus particulièrement de l’informatique et du numérique. « L’humain a modifié sa manière de ‘faire société’ », estime le chercheur qui a rappelé comment les pratiques de l’école avaient été bousculées ces dernières années et comment les pratiques sociales avaient pris le dessus. « Avant, le scolaire prescrivait, maintenant il subit », constate le conférencier.
L’informatique réfère aux codes, aux bases de données, aux technologies et informations infinies qui peuplent la toile. Le numérique renvoie, quant à lui, au processus de socialisation à l’échelle humaine de la technique et des possibilités informatiques.« Le monde de l’informatique donne un sens à l’information et nous lui donnons un autre sens dans notre quotidien », précise le chercheur qui rappelle l’influence de la culture dans la pratique numérique.
Collaborer pour mieux former
Selon Bruno Devauchelle, l’école devrait conquérir de nouveaux espaces. Il faut oser « réinventer les lieux de savoirs ». Les établissements doivent être repensés dans un modèle méta-institutionnel, ce qui insinue qu’il faille « repenser complètement les institutions dans le contexte numérique » plutôt que continuer à introduire le numérique dans l’existant où l’innovation se heurte « aux limites de l’institution ».
Une série de lieux de savoirs existent et la plus-value réside dans l’union qu’ils peuvent créer derrière « un projet de société au service de l’apprenance ». Cette « apprenance« , l’enseignant la définit comme étant la « dynamique intrinsèque et extrinsèque qui traverse nos vies ». Il s’agit de favoriser « le rôle des humains dans le passage des faits au savoir des savoirs », précise encore l’enseignant français. « Les institutions, les humains et les techniques doivent être mis au service de l’apprenance ». Le conférencier rassure: l’école a certainement un avenir. Reste toutefois à inventer la meilleure manière de prendre en compte le numérique dans les enseignements. A commencer par imaginer des nouveaux lieux de transmission qui « permettent des trajectoires, qui encouragent les rencontres, qui favorisent l’accès aux langages, qui proposent l’accompagnement, qui permettent la structuration… avec et sans le numérique », insiste Bruno Devauchelle. Il a en effet conclu en affirmant que le numérique n’était « pas indispensable » et qu’une école de l’avenir… n’était pas encore pour demain!
Oser innover
La deuxième moitié de la matinée était organisée sous la forme d’ateliers au cours desquels les différents acteurs du monde scolaire ont pu échanger leurs expériences en matière d’innovations numériques. L’après-midi, une table ronde a réuni les 800 inscrits pour approfondir davantage la question de l’utilisation du numérique en milieu scolaire. Etienne Michel, le Directeur général du SeGEC, a ensuite pris la parole pour tirer les conclusions de cette journée et encouragé les enseignants à poursuivre leurs innovations pour l’année scolaire à venir. La ministre de l’Education, Joëlle Milquet, a également fait une brève allocution. Elle a, entre autres, salué l’initiative de la réflexion numérique organisée par l’enseignement catholique et a détaillé les différents projets dans ce sens qui étaient sur le point d’aboutir en Fédération Wallonie-Bruxelles.
S’il n’y a pas de recette miracle à proposer aux établissements scolaires et s’il reste beaucoup de choses à inventer, on peut compter sur la volonté des enseignants qui n’hésitent pas à échanger et à travailler ensemble pour dégager de nouveaux outils en phase avec l’ère du temps. Classes inversées, numérique mobile en classe, réseaux sociaux, apprentissage du langage et de la logique informatique… sont autant de nouvelles perspectives que les enseignants devront prendre en compte dans leur programme. Un challenge de taille qui est essentiel pour qu’à l’issue de son parcours scolaire, l’élève comprenne la logique du monde qui l’entoure et devienne adulte, maître et acteur de sa vie.
Sophie TIMMERMANS