Don Bosco, un éducateur pour aujourd’hui


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Don Bosco, un éducateur pour aujourd’hui
Par La rédaction
Publié le - Modifié le
5 min

turin3-copieEn 2015, les Salésiens du monde entier célèbrent le bicentenaire de la naissance de saint Jean Bosco, le fondateur de leur mouvement. Une figure majeure de l’Eglise des temps modernes, par les pratiques éducatives qu’il a su développer, et qui demeurent d’une étonnante actualité.

Lorsque Giovanni Bosco, jeune prêtre, découvre les faubourgs de Turin, il est frappé par le nombre et la misère des adolescents qui y vivent. Souvent livrés à eux-mêmes, ils deviennent alors la proie des patrons d’usine qui vont les exploiter sans scrupules. Nous sommes en 1841, en pleine révolution industrielle, caractérisée par une urbanisation sauvage et un dérèglement social important, un peu partout en Europe.

Le monde a beaucoup changé en 200 ans, mais les problèmes sociétaux ont perduré, sous différentes formes. Il y a toujours aujourd’hui, en Europe et sur les autres continents, un nombre immense d’enfants et d’adolescents qui, en rupture familiale, sociale ou scolaire, ne bénificient pas d’une éducation digne de ce nom, qu’il s’agisse de formation scolaire ou professionnelle, ou humaine tout simplement. C’est là que la pédagogie développée par Don Bosco garde toute son actualité.

Un succès fulgurant

Il ouvre un premier centre pour jeunes en 1846, avec une chapelle dédiée à saint François de Sales et des ateliers, où les adolescents sont formés aux métiers de l’industrie: menuiserie, cordonnerie ou encore reliure. Au sein de ce foyer, il tient à créer une ambiance familiale et, pour ce faire, il convainc même sa mère de le rejoindre. Avec l’aide des éducateurs, laïcs et prêtres, qui le rejoignent très vite, Don Bosco assure une présence permanente auprès des garçons qu’il accueille: il joue et mange avec eux, veille à leur bien-être. Ce premier centre connaîtra un succès extraordinaire. En six ans à peine, le nombre de jeunes passera de 17 à plus de 600.

La dynamique est lancée, et le mouvement qu’il a initié se développera de manière exponentielle. En 1859, il proposera à 17 des jeunes qu’il avait formés, de l’aider à fonder la congrégation des Salésiens. Et en 1872, sa rencontre avec Marie-Dominique Mazzarello aboutit à la fondation des "Filles de Marie Auxiliatrice", qui s’appelleront aussi Salésiennes de Don Bosco. Enfin, en 1875, il conçoit le projet des Coopérateurs, qui rassemblera laïcs, prêtres et religieux soucieux de l’éducation des jeunes dans leurs lieux de vie. La même année, les premiers missionnaires partiront pour l’Argentine, première étape de l’internationalisation de la jeune congrégation.

Aujourd’hui, la famille salésienne, ce sont des religieux et des religieuses, mais aussi des coopérateurs laïcs engagés dans différents mouvements. Au total, 402.000 personnes engagées dans 7.600 projets, dans 132 pays des 5 continents. Rien qu’en France et en Belgique francophone, ce sont près de 60 établissements scolaires comprenant quelque 36.000 élèves, 10 établissements d’actions sociales et 8 paroisses.

Une pédagogie intégrale

Comment comprendre ce succès? Le secret de Don Bosco réside principalement dans ce qu’on appelerait aujourd’hui son "projet éducatif", réellement novateur pour son époque, qui tient compte de tous les aspects de la personnalité de l’enfant et de l’adolescent. Il s’agit en effet de former le jeune non seulement professionnellement, mais également dans sa dimension affective et spirituelle. S’il n’a laissé qu’un seul ouvrage, le Traité sur la méthode préventive en éducation (publié en 1876), c’est surtout l’action éducative concrète de Jean Bosco qui a marqué, et qui montre son efficacité aujourd’hui encore.

Comme l’indique le titre de son Traité, Don Bosco est l’un des pionniers de l’éducation préventive. Exercer une autorité, ce n’est pas d’abord réprimer, mais adopter une attitude d’accueil bienveillant à l’égard du jeune, surtout celui qui est en difficulté. Il s’agit donc avant tout d’assurer une présence, puis d’instaurer une forme d’accompagnement, ce qui implique une relation de confiance entre l’éducateur et l’enfant ou l’adolescent.

Cette relation ne sera toutefois possible que parce que la dimension de l’affectivité est prise en compte dans l’éducation. A l’époque de Don Bosco, l’idée de réhabiliter l’affectivité dans la relation éducative est loin d’être évidente… Pour lui, toute relation, même d’autorité, doit cependant intégrer cet aspect de manière équilibrée, la gérer plutôt que la nier. L’éducation doit enfin reposer sur un tryptique: non seulement l’école, mais aussi la famille et… la paroisse.

Un message actuel

Ces quelques éléments nous permettent déjà de pressentir ce qui fait la force de la vision pédagogique de Don Bosco. Il s’agit de viser ce que l’Eglise appellera, plus tard, le "développement intégral de l’homme". Conception inspirée, en bonne partie, par le saint prêtre italien. L’enfant, comme l’adulte évidemment, est un être mutidimensionnel, défini par son intelligence, ses émotions, mais également une vie spirituelle. Pour les Salésiens, il s’agit d’éduquer, d’élever ces différentes dimensions.

On comprend dès lors à quel point la vision salésienne de l’éducation peut s’avérer bénéfique, et même salvatrice, pour nombre de jeunes aujourd’hui déboussolés. Leur développement affectif peut être entravé par des problèmes familiaux, socio-économiques, dont l’éducateur doit tenir compte. Celui-ci doit également être conscient de la quête de sens qui se manifeste au début de l’adolescence, et l’accompagner dans sa recherche de réponses. Sans vouloir ni pouvoir remplacer les parents de l’enfant – ce qui risquerait de déboucher sur un dangereux transfert affectif –, mais en offrant au jeune un point de repère qui peut s’avérer indispensable pour son développement humain.

 

Christophe Herinckx (Fondation Saint-Paul),
d’après Rémi Favresse

www.2015.don-bosco.net

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