Quelques jours après les tragédies successives qui ont couté la vie à plus d'un millier de migrants, et à la veille du sommet européen, le cardinal Reinhard Marx, président de la commission des épiscopats de l’Union européenne (Comece), dénonce fortement l'attitude de l'Union Européenne qui ne prendrait ainsi pas au sérieux les valeurs sur lesquelles elle se fonde.
"Cette nouvelle catastrophe en Méditerranée constitue un échec pour tout ce qui fait de l’Union européenne une communauté de valeurs", a regretté amèrement le cardinal allemand Reinhard Marx. Dans une déclaration écrite au nom des évêques européens, à la veille du sommet extraordinaire des chefs d’État et de gouvernement sur le thème des migrations prévu à Bruxelles, il indique que l'Union européenne ne peut rester inerte face à cette catastrophe humaine. "Dans les faits, on pourrait blâmer le pouvoir d’attraction de l’Union européenne pour les réfugiés, les mesures européennes dont tirent avantage les trafiquants ou encore le manque d’actions pour contraster les causes qui portent les immigrés à fuir leur pays d’origine. Mais tout cela ne justifie pas le fait que l’on ferme les yeux devant la tragédie humaine qui est en cours en Méditerranée et qui doit être affrontée par l’Union européenne."
Sauver des vies est un devoir humain, pas une question politique
Le cardinal allemand ne lésine pas sur les critiques envers l’Union européenne. " La politique en Europe- écrit-il- a souvent déploré la mort des réfugiés sans pourtant en tirer de conséquences. La catastrophe actuelle pousse aujourd’hui les pays européens à prendre des mesures drastiques pour combattre ce phénomène tragique. La réaction des Européens constituera un banc d’essai pour les valeurs européennes. Si l’Union européenne veut faire honneur à ses convictions, elle ne peut alors que rétablir les instruments de Mare Nostrum et élargir la mission Triton pour la protection des frontières externes de l’Union européenne. Le sauvetage de vies humaines en Méditerranée ne peut pas rester une simple question politique. Il s’agit d’un vrai et propre devoir humain et d’une exigence d’inspiration morale de l’Europe."
Pour une politique d’asile et de migration soutenue par tous les pays européens
"J’accueille avec faveur, écrit encore le cardinal Marx, le fait que les ministres des affaires étrangères de l’Union européenne se soient efforcés de renforcer les mesures en Méditerranée (…) Cependant, il sera nécessaire que leurs paroles soient suivies d’actions à l’occasion du sommet des chefs d’État et de gouvernement prévu ce jeudi : l’Europe doit s’affairer pour trouver des propositions concrètes pour la définition d’une politique d’asile et de migration humaine qui soit soutenue et mise en œuvre de manières solidaire de la part de tous les États membres de l’Union européenne souligne encore le cardinal allemand. Chaque mesure nécessaire doit être prise afin qu’une tragédie comme celle de samedi ne se reproduise jamais plus ! Les chefs d’État et de gouvernement ne peuvent plus se permettre de renvoyer la question des migrants à une date ultérieure indéterminée, aussitôt que le désastre actuel ne constituera plus l’objet des nouvelles. Nos prières vont aux victimes de cette catastrophe et à leurs familles. Nous ne prions pas les yeux fermés mais ouverts à ceux qui sont dans le besoin."
P.G.