Cinq ans après le séisme qui dévastait une grande partie du pays, Haïti revient au devant de la scène. « La Perle des Antilles » est, en effet, au centre de la campagne de Carême 2015 d’Entraide et Fraternité.
La campagne 2015 d’Entraide et Fraternité est illuminée par le sourire de Joachim; ce paysan haïtien incarne à lui seul la résistance de tout un peuple d’agriculteurs face à la politique anti-paysanne de son gouvernement. En effet, Haïti est plus connu pour son néolibéralisme et son insécurité alimentaire qui touche 41% des Haïtiens en milieu rural que pour les mouvements paysans qui défendent bec et ongles souveraineté alimentaire, agroécologie et économie solidaire, pour pouvoir survivre.
Un homme debout
Dans un pays qui ne fait pas de cadeau à ses ruraux, le parcours de Joachim Sanon apparaît tel un symbole de réussite, de fierté et de créativité de la paysannerie haïtienne. Après avoir passé onze ans en ville à travailler en usine, Joachim n’hésite pas à affirmer que « l’avenir des paysans se trouve dans leurs villages et dans leurs champs ». C’est à Cap Rouge, dans le sud-est d’Haïti, qu’il achète 250 plants de bananiers qu’il fait fructifier grâce aux nouvelles techniques agroécologiques, ignorées des autres cultivateurs. Et quand Joachim, le pionnier, dit qu’il a « pris ses responsabilités », il veut parler de sa collaboration avec VEDEK, une organisation qui rassemble une vingtaine de groupes de paysans et compte 2.000 membres répartis dans dix villages. En Haïti aussi, l’union fait la force!
« L’agroécologie que nous préconisons comme éthique de vie et technique agricole permet aux populations de regagner leur autonomie, sécurité et salubrité alimentaires tout en régénérant et préservant leurs patrimoines nourriciers. » Pierre Rabhi.
Autre démarche novatrice instituée par Joachim: penser l’agriculture de façon globale. Equilibrer les écosystèmes en mêlant intimement élevage et cultures. Ne plus seulement travailler pour une production visant sa consommation propre, mais réfléchir à une production commune, solidaire, qui engage chaque homme et chaque femme. Suivre des formations, transformer les produits, les vendre sur les marchés… Faire de l’agriculture le symbole d’un vent nouveau qui souffle sur Haïti.
Renforcer les compétences en agroécologie, valoriser les savoir-faire locaux et garder une attention toute particulière aux femmes, dont 33% sont chefs de famille en milieu rural, c’est le programme d’appui à la paysannerie haïtienne que développe Entraide et Fraternité au sein de quatre associations. Cette année, le Carême passera par Haïti!
Les collectes pour soutenir les projets d’Entraide et Fraternité à Haïti auront lieu les 15 et 29 mars dans toutes les paroisses. Plus d’infos sur: entraide.be
Sylviane BIGARÉ
Ecoutez l’émission radio « Il était une foi » consacrée à la campagne d’Entraide et Fraternité le dimanche 8 mars, à 19h05, sur La Première (RTBF)
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