Ce lundi, le pape François s’envole pour le Sri Lanka, une île du sud asiatique peuplée d’environ vingt millions de personnes d’origines, de religions, de langues et de coutumes très diverses.
François n’est pas le premier pape à fouler le sol srilankais. Paul VI l’a fait en 1970 et Jean-Paul II en 1995; ce fut d’ailleurs la dernière visite d’un pape sur l’île. Mais quel visage présente ce pays actuellement et quelle est son histoire?
Un passé tortueux
Le Sri Lanka, auparavant appelé le Ceylan, est devenu indépendant du Royaume-Uni en 1948 et s’est proclamé « République socialiste démocratique » en 1972. Un conflit de grande ampleur entre les Cinghalais et la minorité Tamoul, a ravagé l’île durant plus d’un quart de siècle. Cette guerre civile a connu son épilogue en mai 2009. L’ONU estime que, durant cette phase critique, ont été commis de part et d’autre des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité, le gouvernement srilankais ayant refusé toute aide humanitaire.
Aujourd’hui, la cohabitation reste possible, mais les plaies sont encore vives et la démocratie imparfaite. Le non-respect des droits de l’homme au Sri Lanka et la torture qui continue à être pratiquée de façon courante par le gouvernement ont été dénoncés par de nombreuses organisations, dont Amnesty International et Human Rights Watch. Les Srilankais espèrent que le pape prononcera un message de réconciliation et de paix. François pourrait le délivrer mercredi après-midi au sanctuaire marial de Madhu, en territoire tamoul.
Mais avant même l’arrivée du pape au Sri Lanka, « un miracle s’est déjà produit », a affirmé le cardinal Malcolm Ranjith, archevêque de Colombo: l’élection présidentielle du 8 janvier dernier s’est déroulée dans un climat serein. Le président sortant a perdu le scrutin. Pourtant convaincu de sa victoire, Mahindra Rajapaksa n’a pas contesté sa défaite. Il a cédé la place à son ancien ministre de la santé, Maithripala Sirisena, qui accueillera le pape mardi; l’homme est soutenu par les bouddhistes comme par les minorités. A l’issue du scrutin, du quasi jamais vu, il n’y a eu aucune violence!
Interconfessionnel
Le christianisme dans son ensemble est la quatrième religion du pays, après le bouddhisme (70%), l’hindouisme (15%) et l’islam (10%). Les catholiques, eux, représentent environ 7% de la population, soit 1,4 million de personnes. On compte 10 diocèses et un archidiocèse au Sri Lanka. Multi confessions donc dans ce pays où, dans les parcs de Colombo, des femmes entièrement voilées font jouer leurs enfants aux côtés d’autres femmes, catholiques, bouddhistes ou hindoues, en « osariya », le sari local, ou en vêtements occidentaux. Pour François, une rencontre interreligieuse s’annonce importante mardi en début de soirée, à 18 heures à Colombo.
Joseph Vaz, premier saint du pays
Cet Indien, né à Goa au XVIIe siècle, canonisé mercredi lors d’une grande messe publique par François, sera le premier saint de l’île. Béatifié il y a 20 ans par Jean-Paul II, le prêtre était venu clandestinement au Sri Lanka pour aider la communauté catholique persécutée par les Hollandais calvinistes qui dominaient alors le pays. Quelque 500.000 personnes sont attendues pour cette canonisation.
Sylviane Bigaré/RV