Légalisation de l’euthanasie, mariage homosexuel, adoption pour tous, … Le Grand-Duché de Luxembourg a entamé depuis des années des réformes qui éloignent de plus en plus la société luxembourgeoise de ses valeurs chrétiennes traditionnelles. Dernier en date : l’assouplissement de la loi sur l’avortement.
L’année 2014 restera une année de profonds changements de société chez nos voisins grand-ducaux. Au cours des douze mois qui s’achèvent, le parlement a autorisé le mariage et l’adoption par les homosexuels, 2014 et vient d’assouplir la législation sur l’interruption volontaire de grossesse.
Le journal officiel du Luxembourg a en effet publié le 22 décembre la loi dépénalisant l’avortement avant douze semaines de grossesse. Jusqu’à présent, l’avortement n’était autorisé qu’en cas de « détresse », après deux entretiens avec un médecin, trois jours de réflexion et une confirmation écrite de l’intéressée.
Simplification des démarches
Même s’il faut admettre que dans la réalité, avorter avant le délai de douze semaines était déjà possible puisque la notion de détresse était laissée à la discrétion de la patiente, la nouvelle loi votée début décembre simplifie les démarches : seul un entretien avec le médecin reste obligatoire, le deuxième devenant facultatif, sauf pour les mineures. Par ailleurs, aucun motif n’est demandé, et l’avortement thérapeutique (par médicament) pourra être prescrit par le médecin traitant avant sept semaines de grossesse. A noter toutefois que la loi laisse la liberté de conscience aux médecins et aides-soignants : ils ne seront forcés à pratiquer l’avortement.
Selon le gouvernement du Premier ministre Xavier Bettel (photo), « l’IVG constitue une question de santé publique et sa réglementation ne doit pas se faire sur un plan répressif ». Rappelons que la coalition au pouvoir à Luxembourg est composée des libéraux, des écologistes et des socialistes. Le Parti chrétien social (CSV), au pouvoir durant de nombreuses décennies et aujourd’hui dans l’opposition, a dénoncé le risque de banalisation de l’avortement, sans pour autant donner de consignes de vote à ses députés. Une partie a d’ailleurs approuvé le texte. Il faut rappeler qu’un assouplissement historique de l’accès à l’avortement avait déjà eu lieu en 2012, sous le gouvernement dirigé alors par Jean-Claude Juncker (CSV) : l’approbation des parents n’était alors plus demandée pour les mineures, le délai de réflexion était passé de 7 à 3 jours, et la liste de motifs recevables était remplacée par la seule notion de détresse.
Depuis le début des débats, l’Église s’est opposée à cette réforme de la loi. L’archevêque de Luxembourg, Mgr Jean-Claude Hollerich, a estimé que « le respect de la dignité de la vie humaine sera – pour une grande part – mis à mal ». Les évêques grand-ducaux se préparent à une autre combat qui devrait avoir lieu en 2015 : l’organisation d’un référendum sur le maintien ou non de l’article de la Constitution obligeant l’État à payer les salaires et les pensions des officiers des cultes. Par ailleurs, le gouvernement Bettel devraient modifier les programmes scolaires pour remplacer les cours de religion par un cours « d’éducation morale et sociale ».
J.J.D.