A l’initiative du Centre spirituel Notre Dame de la Justice à Rhode-St-Genèse, dix pèlerins ont gravi les sentiers escarpés du Sud de la Bourgogne, du Beaujolais et du Bugey, pour gagner les célèbres falaises, qui marquent l’entrée dans les Alpes. Non pour réaliser un exploit sportif mais avec pour guide, le poverello d’Assise, dont la pensée, et surtout l’esprit de fraternité, ont nourri la marche. Récit.
En 2012, nous avions emprunté le premier tronçon, depuis Vézelay, lieu de la première implantation franciscaine en France, jusqu’à Cluny. Un itinéraire peu connu, en pleine nature, avec une spiritualité, qui nous parlait au cœur. Nous avons donc poursuivi l’aventure là où nos pas s’étaient arrêtés avec une première halte incontournable, à Taizé, non loin de Cluny.
8 septembre – Taizé – St-Point
Après l’office matinal, un frère de la communauté bénit nos tau -la croix-signature de St-François-, autour de la tombe du Frère Roger. C’est là précisément qu’une pèlerine de notre groupe a déposé voici deux ans, des « graines d’espérance ». Tout un symbole !
Sous une chaleur accablante, nous grimpons les coteaux bourguignons en méditant les paroles de notre cher pape François, qui nous invite précisément à « mouiller le maillot », ne pas rester au balcon mais tirer en avant, construire un monde meilleur et devenir les pierres vivantes de l’Eglise. A la suite de François d’Assise appelé par le Christ à San Damiano…
Au gîte, nos hôtes nous accueillent chaleureusement, dressant en soirée une guirlande lumineuse au-dessus de notre table pour nous permettre un temps de partage dehors.
La nuit, la forêt tremble sous un violent orage.
9-10 septembre – traversée du Beaujolais
« La fraternité, telle que François l’envisageait, ne pouvait se construire que sur la reconnaissance d’un toi dans l’atmosphère d’un nous », nous dit Eloi Leclerc, dans la méditation du jour. Ainsi conviés à la rencontre et à la communion, nous affrontons ensemble les dénivelés surprenants, offrant des échappées belles sur les collines rougeoyant à l’heure des vendanges. La fraternité prend corps.
11-12 septembre – passage à Ars
Arrêt incontournable dans le village du saint curé dont la bonté nous rejoint. Avec le poverello, nous louons à travers le cantique de Frère Soleil, non seulement dans sa Création mais aussi, à travers les ombres et lumières, qui tissent nos vies. Dans un appel à la réconciliation…
12-13 septembre – autour de Pérouges
Des paroissiens de Meximieux nous attendent devant la cure. Deux par deux, les pèlerins sont reçus chez l’habitant pour la journée de repos. Des moments magiques où place est donnée à la rencontre ! C’est une « jeune » dame pétillante de 81 ans, qui a tout organisé et ouvre les portes…. Face à notre émerveillement devant son rayonnement, elle nous livre son secret : la joie… demandée et reçue, voulue aussi, chaque matin. Car « la vie est trop courte pour que nous nous ne la vivions pas dans la joie ».
L’heure du départ sonne trop tôt aussi.
14-17 septembre – sur les crêtes du Bugey- la chanson du vent
La « Sagesse d’un pauvre » du poète franciscain nous invite, en communion avec la nature, à « écouter et comprendre, … sans rien troubler, humblement et dans le plus grand respect, en faisant silence en soi-même. …François écoutait le vent lui parler… Il semait et il passait. …sans rien savoir du fruit de son travail. Il se contentait de semer et il le faisait avec prodigalité…Il soufflait où il voulait, à l’image de l’Esprit du Seigneur, comme il est dit dans l’Écriture. »
Pas à pas, côte après côte, nous découvrons avec le poverello « l’annonce d’une alliance plus profonde : celle que l’homme est appelé à former avec l’ensemble de la vie en s’ouvrant à la grande douceur de la Parole créatrice. Cette alliance qui englobe tous les vivants est le chemin le plus sûr d’une véritable fraternité humaine »
18-19 septembre – de l’abbaye de Belmont-Tramonet à la Grande Chartreuse
L’hospitalité bénédictine vaut bien les petits détours… Nous profitons de la grâce et avançons toujours plus haut, toujours plus loin. Le point d’orgue sera la visite de la chapelle décorée par Arcabas à St-Hugues, suivie d’un temps de prière dans la petite chapelle nichée sous la Grande Chartreuse. Silence…et action de grâce.
« Aujourd’hui, le mot qui me vient à l’esprit est « marche », conclut un pèlerin. « Emerveillement, joie, fraternité, bonté, espérance… », enchainent d’autres. La louange fuse. Magnificat ! Nos traversées -paysages comme vécus- gardent la saveur d’une beauté insoupçonnée.
Béatrice Petit