Peter Annegarn est président du Conseil interdiocésain des Laïcs (CIL) et membre du Comité organisateur de Rivespérance qui se déroulera à Namur, les 24, 25 et 26 octobre.
Vu le succès de la première édition de Rivespérance en 2012, les membres du Comité organisateur ont décidé de renouveler l’expérience cette année. Ayant pris les paroles du pape au mot, à savoir « Ne vous laissez pas voler votre espérance », ils proposent aux participants de dialoguer autour de cette espérance.
Dans cette édition 2014, il y a des titres qui interpellent très fort: « l’espérance en dialogue », « dépasser nos peurs », « oser le dialogue ». Pourquoi ?
Après le succès de 2012, nous nous sommes attelés à l’organisation de Rivespérance 2014 en nous disant, qu’aujourd’hui, l’aspect du dialogue était important. Dialogues avec un « s », c’est-à-dire différents dialogues possibles. Le pape François parle beaucoup de dialogues, de rapprochements, d’aller vers les autres. Il nous invite à sortir des églises, non pas pour s’arrêter sur leurs seuils mais pour aller aussi dans les périphéries.
Vous parlez d’espérance. Pensez-vous que nous sommes dans une société qui a perdu cette espérance?
Notre monde a perdu ses balises. C’est vrai notamment chez les jeunes. La grande précarité de beaucoup de jeunes au niveau du travail et au niveau social nécessite de garder cette espérance. L’espérance, c’est presque spirituel. Nous avons besoin de ce petit apport. Avec Rivespérance, nous essayons modestement de contribuer à cela.
On dialogue beaucoup dans notre société d’aujourd’hui. Cela peut-il réellement porter des fruits? Qu’attendez-vous de ce dialogue?
Ce que nous attendons, et ce que nous aimerions bien que les participants ramènent chez eux, c’est cette envie d’ouverture. Dans le dialogue, il faut au moins être deux. Il ne faut pas avoir peur d’aller vers l’autre.
Le samedi est la journée la plus dense en termes d’activités. Le matin, vous avez quatre conférences avec des thèmes intéressants: « Réconciliation », « Art et foi », « Science et foi » et « Politique et foi ». Les invités sont prestigieux. Cela va de Gabriel Ringlet à Steven Van Ackere, l’ancien ministre des Affaires étrangères, en passant par Dominique Lambert, Jean-Michel Javaux, ancien coprésident d’Ecolo, et la députée Marie-Christine Marghem. Pourquoi ces quatre thèmes-là?
Parce que c’est une question de dialogue à nouveau. Par exemple, la conférence sur la réconciliation, avec un théologien rwandais qui a été victime du génocide. La réconciliation ne peut se faire que dans le dialogue. La science, a-t-elle tué Dieu? Dominique Lambert est professeur à l’Université de Namur et spécialiste du dialogue entre le monde scientifique et la foi. Il parlera de ce dialogue entre science et foi. L’art est aussi une manière de s’exprimer et d’exprimer sa foi. Quand un artiste peint, on ne comprend pas toujours ce qu’il a voulu exprimer. C’est en dialoguant avec lui que l’on peut comprendre ce qu’il a voulu mettre dans son tableau.
Le dernier thème est Politique et foi. N’est-ce pas le mariage de l’eau et du feu?
Nous avons invité trois personnalités de trois partis différents. Jean-Michel Javaux (Ecolo), Steven Vanackere (Cd&V) et Marie-Christine Marghem (MR-MCC). Ils n’ont jamais caché qu’ils étaient croyants. Je crois que la politique avec un grand « P », comme le dira sans doute Herman Van Rompuy lors de son intervention, c’est la gestion de la cité. Le pape a encore dit récemment, ainsi que le cardinal Marx, lors des semaines sociales européennes catholiques, qu’il fallait que les chrétiens, et les laïcs surtout, s’engagent dans la politique à partir de leur foi et de leurs convictions religieuses. Pas pour défendre la religion, mais pour défendre cette dimension évangélique dans la manière de gérer.
Ne peut-on pas dire que c’est un vœu pieux?
Dans la manière dont on dialogue, on peut faire passer un message d’écoute. La politique, c’est aussi rendre la dignité à l’homme et la femme.
Le samedi après-midi est consacré aux ateliers. Autour de quoi allez-vous débattre avec les spécialistes, les témoins?
Nous avons organisé 80 ateliers avec, chaque fois, un expert et un témoin. Nous avons cinq groupes d’ateliers sur des questions de société, de dialogue avec l’Islam, sur les technosciences, les grandes précarités, les mariages mixtes. Un deuxième groupe abordera les questions d’Eglise, notamment les jeunes et la religion, les paroisses et la nouvelle évangélisation. On traitrera de la vie de couple, de l’éclatement familial, etc.
Le dimanche, plusieurs conférences ont lieu avec Julien Klener, Monique Evrard, Mgr Delville, Mgr Kockerols, Herman Van Rompuy et Charles Picqué. De quoi vont-il parler?
Il y aura quatre dimensions de dialogues. D’abord l’interreligieux, avec Mahinur Ozdemir, une députée bruxelloise voilée, Julien Kleder, membre du Consistoire israélite de Belgique et Mgr Delville, évêque de Liège. Une deuxième conférence traitera du dialogue comme fondement de l’Union européenne, avec Herman Van Rompuy. On parlera aussi brassage des cultures et des religions à Bruxelles, avec Charles Picqué et Mgr Kockerols, évêque auxiliaire pour Bruxelles. Ils vont échanger et dialoguer sur la multiculturalité. Et puis, on abordera la place de la femme dans l’Eglise, avec Monique Evrard et Cédric Claessens.
Avez-vous l’impression qu’après l’édition de 2012, les gens sont repartis différents?
Assurément, puisqu’ils nous ont demandé de recommencer. C’est un signe. Quand je rencontre des gens, ils me disent qu’ils reviennent parce qu’ils sont rentrés avec des choses pour eux-mêmes.
J.J.D
Interview parue dans le Journal Dimanche n° 36 du 12 octobre 2014