Mgr André-Joseph Léonard a participé au Synode sur la Famille qui s’achève ce dimanche. Il nous a livré ses réflexions sur cet événement historique.
L’archevêque de Malines-Bruxelles retient que ce fut un lieu d’échanges magnifiques à l’échelle de l’Eglise universelle, en lien aussi avec les délégués fraternels d’autres Eglises, en écoutant également le témoignage de couples sincères, édifiants, qui ont accepté de partager leurs réussites, mais aussi leurs difficultés, leurs échecs momentanés et leurs réconciliations.
« Les Pères synodaux se sont exprimés avec franchise et liberté, manifestant une grande diversité d’expériences, selon les pays, les continents et les cultures », écrit-il.
Mgr Léonard a perçu deux enjeux fondamentaux. Le premier est de tenir simultanément la fidélité à l’enseignement de Jésus et de son Eglise et la proximité pastorale aux personnes telles qu’elles sont sur leur chemin de vie. Bref, toujours unir amour et vérité, grâce à une chaleureuse présence auprès de toutes les personnes, mais dans le souci permanent de les conduire, à travers la conversion du cœur, vers la vérité proposée par le Seigneur.
Le second enjeu est de concilier l’attention à la diversité des situations à travers le monde entier avec le langage universel que doit tenir l’Eglise catholique, d’autant plus que les questions essentielles sont toujours liées à la nature humaine qui nous est commune à tous par-delà nos différences.
Il a regretté qu’on n’ait pas plus parlé de la beauté de l’amour humain et de la famille. La publication, en soi légitime, du rapport intermédiaire a suscité tant d’interprétations abusives dans la presse mondiale que, pressés par cette actualité médiatique, les évêques ont dû excessivement concentrer leur attention, dans les groupes de travail, sur quelques thématiques précises, en négligeant d’autres, peut-être plus importantes.
« La confusion fut telle que le Père Lombardi, porte-parole du Vatican, a dû rappeler que ce rapport intermédiaire n’était qu’un document de travail, rien de plus, tout comme les dix relations des échanges qui furent au cœur des dix groupes de travail », souligne encore le président de la Conférence épiscopale belge.
« Qu’il soit donc clair que le Synode ne prendra aucune décision visant à légitimer les unions homosexuelles et encore moins un ‘mariage’ homosexuel. Il ne prendra non plus aucune décision concernant l’accès à la communion des personnes vivant dans des situations conjugales irrégulières. Certains Pères ont proposé de s’en tenir à la discipline actuelle si souvent confirmée par le Magistère de l’Eglise. D’autres ont suggéré de demander à ce Magistère s’il est disposé, dans certaines conditions, à prévoir des exceptions à la règle. Mais rien ne sera décidé lors du Synode ».
« Par contre, ce qui est certain, c’est que tous les évêques veulent aller chaleureusement à la rencontre des familles, pour les encourager à grandir dans l’amour et la fidélité. Tous veulent soutenir de tout cœur les personnes séparées ou divorcées qui font le choix exemplaire de demeurer fidèles à l’alliance conjugale même si leur conjoint n’est plus là. Tous veulent manifester leur respect et leur attention aimante aux baptisés qui vivent dans des situations qui ne correspondent pas à l’appel du Seigneur et de l’Eglise (cohabitation sans mariage, simples mariages civils, partenariat homosexuel), non pour les approuver, mais pour les comprendre et les accompagner sur un chemin de miséricorde et de vérité. Car c’est seulement dans la chaleur de la charité, à l’image du Christ allant à la rencontre de tous, que des personnes peuvent entendre les appels exigeants du Seigneur et cheminer vers la pleine vérité de l’Evangile ».
Bref, le Seigneur cherche à rejoindre chaque frère et sœur dans sa situation de vie. Comme à la femme adultère dans l’Evangile de Jean, il dit à chacun: « Je ne te condamne pas. Mais va et ne pèche plus! » L’Eglise doit faire de même. Elle doit notamment rappeler que le Seigneur n’est pas prisonnier de ses sacrements. Si donc quelqu’un, pour telle ou telle raison, ne peut pas encore recevoir l’absolution de ses fautes, parce qu’il n’est pas encore en état de changer de vie, ou ne peut pas encore recevoir la communion lors de la messe, parce que sa situation conjugale est en porte-à-faux par rapport au sacrement de l’alliance nouvelle et éternelle, les pasteurs ont le devoir de faire sentir à ces personnes que le Seigneur ne les abandonne pas pour autant et sait les rejoindre par d’autres chemins, comme, par exemple, celui de la ‘communion spirituelle’ et celui de la remise confiante de sa vie à la miséricorde inépuisable du Seigneur.
Tous les groupes linguistiques ont remis des rapports, publiés par ailleurs. Et, sur base du travail des groupes, des amendements ont été incorporés en vue d’avoir un Rapport final du Synode à remettre au Pape, qui décidera de sa publication éventuelle. Il sera voté paragraphe par paragraphe et il faudra deux tiers de votes positifs pour que tel ou tel paragraphe soit accepté ».
« Actuellement, nous ne savons pas si le Pape conclura ce Synode par un message personnel. Par contre, il est certain que le Rapport final servira d’instrument de travail pour la Commission qui, durant un an, travaillera, en concertation avec les Conférences épiscopales, à la préparation du Synode de l’an prochain, toujours consacré à la famille, mais sous l’angle de la mission des familles au sein de la société. Un beau travail en perspective! »