Comme chaque année, l’Eglise catholique va célébrer la solennité de la Toussaint, c’est-à-dire de tous les saints. Que fête-t-on au juste le 1er novembre, et pourquoi ? Quel est le sens de cette fête pour les chrétiens ?
La Solennité de tous les saints est apparue dans l’Eglise d’Occident vers le 8ème siècle, et a été « officialisée » le siècle suivant par le Pape Grégoire IV. Mais pourquoi une telle Fête, alors que l’on n’en trouve pas de trace dans le Nouveau Testament, ni dans la première Église chrétienne ?
Pour répondre à cette question, remarquons d’abord que toutes les grandes fêtes du calendrier liturgique, de l’Annonciation à la Toussaint, en passant par la Pentecôte et l’Assomption, forment ensemble comme le déploiement du Mystère central de notre foi dans notre vie quotidienne. Ce Mystère central, c’est celui de Pâques, qui est le passage du Christ de la mort à la résurrection, passage auquel nous participons par notre baptême et notre vie de foi. Autrement dit, chaque fête liturgique – apparue à un moment de l’histoire de l’Église, au gré de l’approfondissement de la foi chrétienne – met en lumière un aspect du Mystère de Pâques, pour que la résurrection du Christ puisse se déployer dans tous les aspects de notre vie.
La « communion des saints »
Dans ce cas, quelle est la dimension de notre foi mise en avant par la fête de la Toussaint ? On pourrait la résumer par une seule formule, tirée notamment du Symbole des Apôtres : la « communion des saints ». De quoi s’agit-il ? C’est la conviction, d’abord, que chaque être humain est appelé à entrer en communion, en union intime avec Dieu, à entrer en sa Présence et dans sa Lumière, de manière voilée pendant cette vie, et de façon pleinement accomplie après notre mort. Et cette « destinée » se réalise par une participation, dans la foi, à la mort et à la résurrection de Jésus-Christ.
C’est la conviction, ensuite, que dès avant la résurrection de tous les défunts à la fin des temps, toute personne ayant vécu concrètement en communion avec Dieu entre dans la plénitude de la Vie de Dieu après sa mort. Non seulement celles et ceux qui ont été proclamés saints par l’Église, mais la multitude des femmes et des hommes qui ont vécu dans l’Esprit de l’Évangile, et que nous avons parfois pu côtoyer au cours de notre vie.
C’est la conviction, enfin, que le lien que nous entretenons avec nos proches, nos parents, nos amis, au cours de notre vie, n’est pas rompu. Le lien, l’amour, la relation persistent, quoique sous une autre forme, après leur mort, et nous pouvons entrer en communion avec eux, leur demander de prier pour nous.
Ce sont ces trois aspects que nous célébrons chaque année lors de la solennité de tous les saints. La communion des saints implique cependant un dernier aspect. Dans la mesure où nous ne pouvons savoir, avec certitude, si nos proches défunts sont déjà entrés dans la Lumière de Dieu, ou si un temps de préparation et de purification leur est d’abord nécessaire (ce que la tradition catholique appelle le « purgatoire »), l’Église nous invite à prier pour tous les défunts le lendemain de la Toussaint.
Christophe Herinckx