Jésus est épié sans arrêt par ses ennemis qui cherchent à le prendre en défaut: "Faut-il payer l’impôt à César?" "Quel est le plus grand commandement?" Ces questions ne sont pas sincères, mais visent uniquement à le piéger.
"Le plus grand commandement?" Jésus en propose deux, qu’il unit intimement l’un à l’autre. Le premier est tiré du livre de l’Exode: "Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et tout ton esprit." Mais Il lui ajoute aussitôt un second, extrait du Livre de Lévitique: "Tu aimeras ton prochain comme toi-même."
C’est d’une totale nouveauté: mettre sur le même plan Dieu et le prochain, l’amour de Dieu et l’amour du prochain. Ce sera la grande leçon de la parabole du jugement dernier, où Jésus s’identifie à celles et ceux qui étaient dans le besoin. "Seigneur, quand nous est-il arrivé de te voir affamé et de te nourrir, assoiffé et de te désaltérer, étranger et de t’accueillir, nu et de te vêtir, malade ou prisonnier et de venir te voir?... En vérité je vous le dis, dans la mesure où vous l’avez fait à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait." (Matthieu 25, 31-46).
Pour Jésus, il n’y a pas deux amours, il n’y en a qu’un. La seule manière de savoir si j’aime vraiment Dieu est de constater si ma vie est commandée par l’amour et non la haine, la justice et non l’offense, le pardon et non la vengeance.
Il n’est donc pas question de choisir entre Dieu et homme. Il n’y a pas de concurrence entre les deux amours: "Qui n’aime pas son frère qu’il voit, ne peut pas aimer Dieu qu’il ne voit pas", dit saint Jean. (1 Jean 4, 20).
Il est donc clair qu’on ne peut éliminer un commandement par l’autre, comme certains seraient tentés de le faire. Il serait tellement plus pratique de se dispenser de l’un des deux commandements, en disant: il suffit d’aimer Dieu ou bien, il suffit d’aimer le prochain. Pour Jésus, il n’y a pas un seul commandement, il y en a deux qui ne font qu’un.
Un journaliste voyait un jour une jeune religieuse soigner les plaies d’un lépreux. Il lui dit très sincèrement: "Je ne ferais pas ce genre de travail pour un million d’euros". "Moi non plus", répondit-elle avec simplicité, "mais je le fais par amour pour ce pauvre homme qui est en train de mourir." Elle s’efforçait d’aimer Dieu en aimant ce malade qui se mourait dans cet hôpital africain.
L’essentiel de la religion, nous dit Jésus, c’est donc d’aimer Dieu et d’aimer son prochain, les deux étant indissolublement liés. Tout le christianisme se résume à cela: "tu aimeras". Que nos efforts maladroits, un peu d’humour sur nous-mêmes et beaucoup de confiance en Dieu nous fassent reprendre à notre compte l’aveu de saint Pierre après sa trahison: "Seigneur, tu sais tout, tu sais bien que je t’aime" (Jean 21).
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