Trois évêques catholiques de Birmanie ont lancé un appel à la cessation immédiate des hostilités dans les régions ravagées par la guerre civile et en proie au trafic de stupéfiants et d’êtres humains.
Dans une longue déclaration publiée le jeudi 15 août, à l’occasion de la fête de l’Assomption, les évêques de Banmaw et Lashio, réclament la cessation immédiate de la guerre civile qui ensanglante certaines régions de la Birmanie, principalement l’Etat Kachin où des combats opposent l’armée régulière aux insurgés. Depuis 2011, ce conflit a fait plus de 200.000 déplacés et des milliers de morts.
Témoins de la souffrance du peuple, ils dénoncent « le génocide croissant de toute une génération« , les conditions de vie dans les camps de réfugiés (« indignes et inhumaines« ), le recours à la torture, aux mines antipersonnel et aux enfants soldats, ainsi que les trafics d’êtres humains et de drogue. Des centaines de femmes sans ressources de l’ethnie kachin sont cédées comme des marchandises à des trafiquants et vendues comme esclaves, même au-delà des frontières birmanes.
Une solution politique durable
Habituellement discrets et peu habitués à s’exprimer publiquement, les trois évêques birmans demandent à tous les acteurs du conflit de chercher une solution politique durable, sous la supervision de la communauté internationale, et de rétablir la paix basée sur la justice. Selon eux, le problème kachin, comme celui des autres ethnies, pourrait être résolu par l’instauration d’un véritable fédéralisme qui reconnaîtrait les lois coutumières ethniques et assurerait l’intégrité de l’identité ethnique, de la culture et des ressources. Ils demandent aussi que soient « stoppées immédiatement » ‘toutes les tentatives pour s’emparer des terres appartenant traditionnellement aux minorités ethniques’, car c’est « la propriété des terres qui décidera du futur de ce pays« .
Bien qu’elle représente seulement 1,3% de la population, l’Eglise catholique, avec l’aide de la communauté internationale et d’organisations locales, a pu secourir plus de 75% des victimes de la guerre.
P. A. (avec la Croix et Zenit)
La Birmanie est le théâtre depuis son indépendance des Britanniques en 1948 de plusieurs conflits armés entre le pouvoir central et plusieurs des nombreuses minorités ethniques, devenus la plus ancienne guerre civile au monde. Il y a exactement trois ans, l’armée birmane a rompu un accord de cessez-le-feu conclu 17 ans plus tôt avec l’Armée Indépendante Kachin (KIA), la seconde armée non étatique du pays, et a lancé son offensive la plus importante depuis la fin des années 1940. Depuis la reprise des combats, le 9 juin 2011, des milliers de personnes ont été forcées de fuir leur maison et ont été déplacées. Des centaines de villages ont également été détruits.