Le 1er juillet dernier, les évêques de la RDC ont redit leur opposition à un maintien au pouvoir du président Joseph Kabila, au-delà de la prochaine élection présidentielle, prévue en 2016. Celle-ci doit être l’occasion d’une transition véritablement démocratique.
A l’issue de leur assemblée plénière, les évêques congolais ont publié un message dans lequel ils recommandent à la population de « faire preuve de vigilance pour s’opposer par tous les moyens légaux et pacifiques à toute tentative de modification des articles verrouillés » de la Constitution. Cette dernière stipule notamment que le président de la République est élu au suffrage universel pour un mandat de cinq ans renouvelable une seule fois. Une disposition qui, selon l’article 220, ne peut faire l’objet d’aucune révision constitutionnelle. Or, les évêques, tout comme l’opposition, soupçonnent Joseph Kabila, qui arrive à la fin de son deuxième mandat, d’être prêt à tout pour se maintenir au pouvoir après 2016, y compris à modifier la Constitution.
Une république et non une monarchie
La Conférence épiscopale va plus loin encore: elle condamne toute initiative qui viserait à vider l’article 220 de son contenu essentiel, alors que celui-ci a été conçu pour assurer la stabilité du pays et garantir la nature de l’Etat congolais, qui est une république et non une monarchie. Elle dénonce également l’intention du gouvernement congolais de déposer un projet de révision constitutionnelle afin d’organiser l’élection des députés provinciaux en 2015 au scrutin indirect, alors que, constitutionnellement, cette consultation doit avoir lieu au scrutin direct. « Nous désapprouvons tout mode de scrutin qui priverait le peuple de son droit de désigner ses gouvernants et de participer directement à la gestion de la cité« , écrit-elle.
Profondément agacé, le gouvernement ne cesse de répéter que le point de vue des évêques relève du procès d’intention, mais se garde bien de les attaquer frontalement. L’Eglise catholique, dont les fidèles représentent 40% de la population, est effectivement une voix critique du pouvoir depuis la dictature de Mobutu. Elle a aussi été un des moteurs du processus de démocratisation du début de la décennie 1990.
Respecter le calendrier électoral
Par ailleurs, les évêques recommandent au gouvernement « de garantir aux parties prenantes un environnement électoral serein et harmonieux, de redoubler d’efforts dans la mobilisation des ressources matérielles et financières, afin de garantir la tenue effective de l’élection dans le respect du délai constitutionnel« , a déclaré l’abbé Santedi, secrétaire général de la Conférence épiscopale. Pour rappel, les élections municipales, urbaines et locales sont prévues pour 2015, et les élections législatives et présidentielles sont programmées pour 2016.
Pascal ANDRÉ