Chaque année, environ 2,5 millions de personnes, essentiellement des femmes et des enfants, tombent sous l’emprise de trafiquants et sont soumis au travail forcé. Afin de sensibiliser l’opinion publique à cette problématique, les Nations Unies lancent, ce mercredi 30 juillet, la première Journée mondiale de la dignité des victimes de la traite d’êtres humains. Un « grave délit contre l’humanité », maintes fois condamné par le pape François.
La traite des êtres humains est considéré comme l’une des atteintes les plus insupportables aux droits de l’homme. D’après les statistiques de l’ONU et du Conseil de l’Europe, elle générerait environ 32 milliards d’euros de chiffre d’affaires annuel et constituerait la troisième forme de trafic la plus répandue au monde, après le trafic de drogues et le trafic d’armes. Chaque année, donc, environ 2,5 millions de personnes, principalement des femmes et des enfants, tombent sous l’emprise de trafiquants et sont condamnées à une vie de souffrances. Les types d’exploitation dans le cadre de la traite des êtres humains sont multiples: exploitation sexuelle, travail forcé, esclavage domestique, mendicité forcée…
La situation est alarmante, car la traite des êtres humains connaît, ces dernières années, une nette recrudescence. Selon les statistiques publiées par la Commission européenne en 2013, le nombre de victimes avérées et présumées dans l’UE a augmenté de 18% entre 2008 et 2010. Par contre, le nombre de condamnations pour trafic d’êtres humains a baissé de 13% durant la même période, signe que les trafiquants parviennent de plus en plus à passer à travers les mailles du filet. Le plus inquiétant est que ces chiffres sont très probablement sous-estimés, étant donné que la traite est, par nature, un phénomène interlope et clandestin.
« Il faut s’attaquer au mal à la racine »
C’est donc pour sensibiliser l’opinion publique à cette problématique que les Nations Unies lancent, ce mercredi 30 juillet, la première Journée mondiale de la dignité des victimes de la traite d’êtres humains. « La répression, la coopération transfrontières et les échanges d’informations ont beau être efficaces dans la lutte contre la traite d’êtres humains« , signale le Secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-Moon, « il faut s’attaquer au mal à la racine. La pauvreté extrême, l’inégalité solidement implantée et l’absence d’éducation et de perspectives dans la vie créent des vulnérabilités que les trafiquants ne manquent pas d’exploiter. Au bout du compte, la meilleure protection est d’accélérer le développement pour tous. »
Le Secrétaire général de l’ONU rappelle également que les victimes de la traite qui ont la chance d’être libérées ont besoin d’assistance pour « recouvrer leurs droits et se réinsérer dans la société« . Il demande donc à chacun d’appuyer la campagne de l’ONU intitulée « Cœur bleu » (www.unodc.org/blueheart) qui a pour but de sensibiliser le public à ce problème et d’influence les dirigeants à changer les choses.
Une des priorités du pape
Le pape François a également fait de la lutte contre le trafic d’êtres humains l’une de ses priorités. Ainsi, le 17 mars dernier, un accord a été signé dans ce sens au Vatican entre des représentants des Eglises catholique et anglicane, ainsi que de l’université sunnite égyptienne d’Al-Azhar. Intitulé « Global Freedom Network » (Réseau mondial pour la liberté), cet accord a pour objectif de lutter contre « les formes modernes d’esclavage et le trafic de personnes« .
Ce 30 juillet, Radio Vatican a profité de la première Journée mondiale de la dignité des victimes de la traite d’êtres humains pour mettre les projecteurs sur le cas du Bénin, où des jeunes de 10 à 17 ans peuvent être vendus comme esclaves par leurs parents pour 30 euros. Afin de protéger ces enfants, les Missions salésiennes ont lancé la campagne « Je ne suis pas en vente ». Pour elles, « la pauvreté et la désagrégation du noyau familial sont deux des principales causes du phénomène« .
Pascal ANDRE