Le dernier rapport trimestriel du service public Intégration sociale publie des chiffres qui interpellent. L’an dernier, en Belgique, 158.880 personnes ont bénéficié du revenu d’intégration sociale (RIS) ou d’une aide financière équivalente, soit une hausse de 3,5% par rapport à 2012. Et les jeunes sont particulièrement touchés.
La crise a fait du dégât si l’on en croit le dernier rapport trimestriel du SPP Intégration sociale. Selon ce rapport, 14,8% de la population belge vivait sous le seuil de pauvreté en 2013. Au total, 158.880 personnes ont bénéficié du revenu d’intégration sociale (RIS) ou d’une aide financière équivalente (+3,5% par rapport à 2012). Et ce sont les jeunes de moins de 25 ans qui sont les plus touchés : ils représentent à eux seuls 30,8% des bénéficiaires du RIS.
Ce qui est inquiétant, c’est que la pauvreté touche désormais la classe moyenne et, plus que jamais, les enfants. L’année passée, 1.616.000 personnes pouvaient être qualifiées de pauvres. Une personne est considérée comme telle lorsqu’elle touche moins de 60% du revenu moyen belge, soit 1.000 € mensuels pour une personne seule ou 2.101 € pour un ménage constitué de deux adultes et de deux enfants.
Travailleurs, mais néanmoins pauvres…
Par ailleurs – autre fait interpellant – le bénéfice des allocations sociales n’empêche pas la pauvreté puisque, au 1er septembre 2013, le RIS s’élevait à 817,36 € pour une personne isolée et à 1.089,82 € pour un cohabitant avec famille à charge.
« Environ 4% de la population belge figure sous le seuil de pauvreté tout en travaillant », a précisé Julien Van Geertsom, président du SPP Intégration sociale. « Ce chiffre augmente légèrement mais il reste un des plus faibles d’Europe », fait-il toutefois remarquer.
En 2013, ils ont été 152.050 personnes à bénéficier du seul RIS au moins une fois au cours de l’année. En moyenne, ce revenu a été octroyé à 98.650 bénéficiaires par mois. Les sommes versées par le SPP Intégration sociale à ce titre représentent au total 541 millions d’euros.
La tendance à la hausse du nombre de bénéficiaires du RIS ne faiblit pas puisque, pour les deux premiers mois de 2014, la progression est déjà de 4,3% par rapport à 2013, souligne également le service public. Il enregistre aujourd’hui une moyenne mensuelle de 102.583 bénéficiaires du RIS.
A ces chiffres, il faut encore ajouter les allocataires qui n’ont pas droit au RIS mais qui bénéficient d’une aide financière équivalente. Il s’agit par exemple des étrangers non inscrits au registre de la population. En 2013, 21.667 personnes se sont vues octroyer un soutien équivalent au RIS par les CPAS, ce qui représente une diminution de 19,7% par rapport à 2012. Le nombre de demandeurs d’asile pouvant prétendre à une aide financière a baissé de 49,6%, ajoute le SPP pour expliquer cette diminution importante.
« Grâce à la diminution du nombre de demandeurs d’asile, nous avons pu réaffecter le budget initialement destiné à l’aide financière pour investir davantage dans la lutte contre la pauvreté. Les CPAS peuvent consacrer les 5 pour cent d’augmentation de budget, soit 33 millions d’euros par an, au paiement des revenus d’intégration supplémentaires », a encore expliqué Julien Van Geertsom.
Créé en 2003, le SPP Intégration sociale est l’instance chargée de participer à la conception, à l’exécution et à l’évaluation de la politique fédérale pour l’intégration sociale. Son budget s’élevait à 1,7 milliard d’euros en 2013, dont 90% constituent des remboursements aux CPAS.
Avec 15% de la population sous le seuil de pauvreté, il est indispensable que le prochain gouvernement s’attaque à cette situation inacceptable. Il y a urgence. Des mesures concrètes doivent être prises, notamment pour mettre les jeunes au travail et leur assurer un avenir. De même, on ne peut accepter que des personnes ayant un salaire ne puissent pas vivre dignement ; celui-ci étant insuffisant au regard du coût de la vie. Le nouveau gouvernement devra s’atteler rapidement à ces problématiques. C’est une question de justice sociale, de dignité et de solidarité.
J.J.D.