Sortir de la violence par la réconciliation


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Sortir de la violence par la réconciliation
Par Manu Van Lier
Journaliste de CathoBel
Publié le - Modifié le
3 min

Paix sur Terre01 copieL'association Paix sur Terre est née en 2002, à l'initiative du diacre Robert Ruidant, en réaction à la progression de la violence chez les jeunes, dans les rues, les quartiers et les écoles.

Depuis douze ans, Robert Ruidant parcourt les écoles de Wallonie et de Bruxelles pour sensibiliser les jeunes à la violence qui s'immisce dans leur quotidien. Il leur présente une autre voie, faite de réconciliation et de paix. Nous l'avons rencontré.

Robert Ruidant, quel type de violence vous interpelle le plus?

Ce qui me choque le plus aujourd'hui, c'est la violence physique. Elle est présente dans les journaux et à la télévision, mais aussi dans les cours de récréation. Il y a des enfants, parfois très jeunes, qui rentrent chez eux et qui ne veulent plus retourner à l'école car ils ont peur de la violence.

Vous vous rendez dans les écoles pour rencontrer les jeunes et leur montrer un autre chemin.

Oui, on leur présente d'abord les différents types de violence qu'ils seront sans doute amenés à rencontrer au cours de leur vie et on leur explique d'où partent nos violences et vers qui elles vont généralement. Elles vont vers ceux qui sont considérés comme "pas sympa". Dans une cour de récréation, le "pas sympa" c'est l'enfant qui reste seul dans son coin, qu'on n'invite pas à participer à un jeu, celui dont on ne prend pas de nouvelles quand il est malade.

Comment changer ces comportements?

En s'engageant à "semer autour de soi le bonheur en lieu et place de la violence". Nous avons créé un badge de la paix et de la réconciliation qui est le symbole de cet engagement. Mais au-delà du symbole, on a pu observer des cas concrets où des familles, des frères et sœurs se sont réconciliés. Un exemple me revient: une fille de sixième primaire m'avait expliqué qu'elle vivait un enfer à sa maison. Les disputes avec sa sœur étaient quotidiennes, mais elle voulait que cela change et ce badge de la paix allait, pour elle, être signe de ce geste de paix.

Vous rencontrez des enfants qui ont entre 8 et 12 ans. C'est la tranche d'âge idéale pour les sensibiliser sur ces questions?

Oui, vraiment. On a découvert de réelles souffrances chez ces enfants. J'ai vu des enfants en larmes quand on parlait de la souffrance. Suite à mon intervention dans une classe, un professeur de religion a ainsi recueilli le témoignage de trois enfants qui étaient abusés par un surveillant. C'est là un cas extrême mais, de manière générale, nous invitons les enfants à confier leur souffrance à une personne en qui ils ont confiance, ça peut être un professeur, un directeur, un membre de leur famille. C'est un premier pas dans la bonne direction.

Visitez-vous uniquement les écoles catholiques?

Non. Nous visitons aussi bien le réseau confessionnel que non-confessionnel. Dans les écoles catholiques, nous avons une présentation intitulée "Jésus-Christ, victime de la violence". Dans les autres écoles, nous la remplaçons par un volet qui porte sur la tolérance.

Les mots suffisent-ils pour répondre à la violence et à la souffrance?

Les mots portent effet. On a vu des enfants changer d'attitude suite à notre intervention. Des parents ont constaté un changement réel dans le comportement de leurs enfants. Les directeurs d'établissements scolaires apprécient aussi grandement notre démarche. Plusieurs souhaitent même offrir des DVD qui présentent notre action aux élèves qui terminent leurs primaires. Ce DVD se propage même aujourd'hui au-delà de nos frontières: Allemagne, Espagne, Portugal, Russie et bientôt Chine.

Manu VAN LIER

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Catégorie : L'actu

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