« Que la grâce du Seigneur Jésus-Christ, l’amour de Dieu et la communion de l’Esprit Saint soient avec vous ». Ce souhait de St Paul, qui sert souvent de salutation au début de nos eucharisties, exprime bien le mystère de la Sainte Trinité.
Un mystère de grâce qui nous sauve dans le Christ Jésus, un mystère d’amour du Père qui nous accompagne depuis la création, un mystère de communion à vivre aussi entre nous.
Un mystère, c’est quelque chose qu’on ne peut pas comprendre, entend-on souvent.
Mais un mystère, c’est plutôt quelque chose ou quelqu’un, comme Dieu, qu’on n’a jamais fini de découvrir, de comprendre.
La fête de la Sainte Trinité est une bonne occasion pour réfléchir à qui est Dieu pour nous. Que savons-nous de lui? Quelle image nous faisons-nous de lui? Quel visage a-t-il pour nous? Nous pouvons essayer d’imaginer qui est Dieu, mais il nous faut bien avouer que, dans le fond, il restera toujours le Tout-Autre, un mystère.
Comment comprendre qu’un Dieu unique soit pourtant trois? C’est Théophile d’Antioche, vers l’an 180, qui a forgé le mot « trinité ». Un mot au singulier qui indique qu’il n’y a qu’un seul Dieu pour les chrétiens comme pour les juifs et les musulmans. Mais le mot évoque le chiffre trois. L’Unique n’est jamais seul. Le mystère de la Trinité, c’est le mystère de l’amour entre le Père, le Fils et l’Esprit Saint. C’est le mystère d’un amour donné et reçu, d’un amour qui transforme ceux et celles qui le reçoivent.
Un amour qui se donne
Nous connaissons Dieu par la manière dont il est intervenu dans notre monde. La mort de Jésus sur la croix s’enracine dans la longue histoire d’amour de Dieu pour son peuple. Pour Dieu, aimer, c’est créer, donner la vie. L’amour de Dieu parcourt toutes les Ecritures depuis la Genèse jusqu’à l’Apocalypse. C’est bien ainsi que Dieu se révèle à Moïse sur le mon Sinaï. Il passe devant le prophète en proclamant: « Yahvé, le Seigneur, Dieu tendre et miséricordieux. » Dieu veut se faire connaître en évoquant ses entrailles maternelles, sa tendresse et son pardon des offenses.
« Lent à la colère »: il n’agit pas pour se venger d’avoir été offensé. « Plein d’amour et de fidélité »: Dieu a aimé son peuple, il l’a libéré de l’esclavage en Egypte et il marche toujours avec lui. D’ailleurs, le mot amen vient d’un terme araméen qui signifie « fidélité » et qu’on peut aussi traduire par « c’est du solide ».
Mais c’est par le Christ que Dieu se révèle totalement. Dans la vie et la mort de Jésus, le Père se révèle à nous comme celui qui se donne. « Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique. » La croix n’est pas source de salut en raison de son aspect sacrificiel ou sanglant. Elle est l’expression de l’amour de Dieu qui envoie son Fils non pas pour juger le monde mais pour le sauver, lui donner la vie. Sur la croix, le Père et le Fils communient dans un même amour pour le monde. C’est cet amour que nous sommes invités à accueillir et à imiter.
Un amour à vivre
Créés à l’image et à la ressemblance de Dieu, qui est Trinité, nous avons pour vocation d’aimer comme le Père, le Fils et l’Esprit. C’est pourquoi, dans la deuxième lecture, saint Paul décrit la vocation chrétienne comme une vie d’amour et de paix, d’amitié, dans la communion de l’Esprit, par la grâce de Jésus Christ. Grâce, amour, communion: c’est ainsi que Dieu s’est révélé tout au long de notre histoire. C’est ainsi que nous sommes aussi appelés à vivre. Moïse aurait bien voulu voir le visage de Dieu. Mais celui-ci s’est révélé en lui parlant plutôt de sa relation avec lui et son peuple. C’est parce qu’il est Trinité, relation entre trois personnes, que Dieu est Amour. Cela ne peut pas faire autrement que d’avoir des conséquences dans nos vies. Nous ne pourrons vraiment connaître Dieu qu’en aimant comme lui: c’est la prière que nous faisons lorsque nous traçons sur nous le signe de la croix. Celle-ci nous rappelle notre lien avec Dieu et avec nos sœurs et frères en Jésus Christ. Le signe de la croix est le rappel de notre baptême, le jour où nous avons été plongés dans l’amour de Dieu. Nous demandons au Père, au Fils et à l’Esprit de nous faire vivre de leur vie.
A la célébration de l’eucharistie, nous nous rassemblons au nom du Père, du Fils et du Saint Esprit et à la fin de celle-ci, nous sommes envoyés pour vivre et témoigner de l’amour du Père, du Fils et du Saint Esprit pour tous ceux et celles qui nous entourent. Nous sommes appelés à leur révéler le visage d’amour de Dieu.
(Extrait de « Vie Liturgique » n°407- Novalis)