Poursuivi au tribunal pour faux, usage de faux et escroquerie, l'abbé Edouard Kabongo, ancien curé à Loyers, a été condamné, le 16 juin dernier, à une peine de travail de 200 heures et à 26 euros d'amende. Une condamnation plutôt clémente à l'encontre de celui qui a trompé des dizaines de fidèles et divers CPAS.
La vie réglée de l’abbé Edouard Kabongo, né au Congo il y a 55 ans, s’est écroulée comme un château de cartes il y a trois ans et demi. A cette époque, il a effectivement dû quitter le presbytère de Loyers, où il animait la paroisse locale, pour une cellule de la prison de Namur. Il y est resté deux mois, le temps pour la justice de faire la lumière sur sa double vie. Edouard Kabongo n’était effectivement pas que prêtre. Il était aussi assistant social au CPAS de Schaerbeek depuis 2009, ce que les membres de sa communauté ignoraient complètement. Ce qu’ils ne savaient pas non plus, c’est que leur curé avait également une femme et trois enfants, installés à Zemst dans le Brabant flamand.
Deux cartes d’identité
En fait, le prévenu est arrivé une première fois en Belgique, en 1997, sous le nom de Kapenda Kabongo, après une demande d’asile introduite quelques années plus tôt. Deux ans plus tard, il est de retour en Belgique comme prêtre, avec un doctorat de théologie obtenu à Fribourg, en Suisse. Il porte alors le nom d’Edouard Kabongo. En 2004, Kapenda Kabongo, qui a été reconnu réfugié politique, obtient la nationalité belge. Trois ans plus tard, c’est Edouard Kabongo qui devient Belge, sans que l’administration ne fasse le lien entre ces deux demandes.
Détenteur de deux cartes d’identité, il a donc réussi à cumuler deux salaires et à percevoir, pendant plusieurs années, des allocations du CPAS en tant que demandeur d’asile. Il a également abusé de la confiance des paroissiens de Loyers qui lui avaient remis de l’argent pour ses bonnes œuvres de Kinshasa.
Une condamnation plutôt clémente
Le 16 juin dernier, le tribunal correctionnel de Namur a condamné Edouard Kabongo à une peine de travail de 200 heures et à 26 euros d’amende. Une condamnation plutôt clémente à l’encontre de celui qui a trompé des dizaines de fidèles et divers CPAS durant plusieurs années. Les préventions d’escroquerie et de faux et usage de faux ont été écartées par le tribunal.
Absent lors du prononcé du jugement, l'ancien curé de Loyers s'est dit soulagé de cette décision, mais il n'est pas prêt pour autant à dormir de sitôt sur ses deux oreilles. Les CPAS, notamment d’Ixelles, de Schaerbeek, de Koekelberg, de Zemst et de Courcelles devraient, en effet, lui réclamer de lourds montants au civil.
P. A.