Les associations d’aide aux détenus tirent la sonnette d’alarme: les taux de Sida, de toxicomanie, de troubles mentaux et de suicides atteignent des niveaux élevés. Décryptage d’une situation explosive.
Pour la section belge de l’Observatoire International des Prisons, les taux de prévalence des virus du sida et de l’hépatite C sont « significativement supérieurs » en milieu carcéral, par rapport au reste de la Belgique. On sait en effet que la population carcérale est à haut risque. La tuberculose, le taux de suicide, et les troubles de santé mentale atteignent également des niveaux élevés.
Le constat est posé dans un document de la Concertation Assuétudes Prisons Bruxelles, signé par 74 organismes et 766 personnes: médecins, avocats, professeurs d’université, députés, professionnels du secteur psycho-médico-social, et citoyen.
Mais actuellement, il est encore impossible de dresser un tableau précis de ces problèmes sanitaires. Pourquoi un tel flou? En réalité, l’administration pénitentiaire manque de données épidémiologiques sur les détenus. Ce qui signifie, de facto, que l’administration navigue à vue et gère au cas par cas.
Pour les associations, le problème est essentiellement organisationnel: ce n’est pas le bon ministère qui gère le dossier de la santé en prison. En effet, ce champ de compétence est du ressort du SPF Justice… alors qu’il serait plus logique qu’il relève du ministère de la Santé.
Il est regrettable que les prisons belges deviennent des endroits où les détenus mettent en danger leur santé, et donc leur vie. Car si la prison est un moyen de punir ceux qui ont commis une faute envers la société, ceux-ci doivent garder leur dignité.
Comme le rappelle le Compendium de la Doctrine Sociale de l’Eglise: « [les peines servent à] promouvoir une justice réconciliatrice, capable de restaurer les relations de coexistence harmonieuses brisées par l’acte criminel. Hélas les conditions dans lesquelles [les détenus] purgent leur peine ne favorisent pas toujours le respect de leur dignité ».
M.B