Pour Mgr Vincenzo Paglia (photo), président du Conseil pontifical pour la famille, il est important que nous soutenions la famille en tant que lieu où les hommes apprennent à devenir frères et sœurs. Sans quoi, c’est à une globalisation de l’individualisme que nous allons assister, et non à une globalisation de la solidarité. C’est ce qu’il a expliqué, lundi 26 mai, en la collégiale Saint-Jacques de Liège.
Figure historique de la communauté Sant’Egidio et pionnier du dialogue œcuménique et interreligieux, Mgr Vincenzo Paglia occupe le poste de président du Conseil pontifical pour la famille depuis juin 2012. Une fonction qui lui va à merveille tant l’homme est proche des gens et soucieux de les rejoindre dans ce qui fait leur quotidien. Bien qu’il soit fort occupé par la préparation du Synode pour la famille qui aura lieu en octobre prochain à Rome, il a répondu à l’invitation de Mgr Jean-Pierre Delville et donné une conférence très remarquée en la collégiale Saint-Jacques de Liège, le 26 mai dernier. Devant un auditoire de près de 400 personnes, Mgr Paglia a livré sa vision de la famille chrétienne et donné quelques pistes de réflexion concernant le prochain synode.
Une situation paradoxale
Dans un français très chantant, il a commencé par relever un paradoxe. « D’un côté, le désir d’avoir une famille reste l’une des grandes priorités de la majorité de personnes« , a-t-il expliqué. « De l’autre, les liens se relâchent, les ruptures conjugales sont toujours plus fréquentes et entraînent l’absence d’un des deux parents, les familles se dispersent, se divisent, se recomposent. » Pire, le modèle traditionnel de la famille est concurrencé par de nouvelles formes de vie et d’expériences relationnelles qui sont apparemment compatibles avec lui, même si, en réalité, elles le dépècent.
Pour Mgr Paglia, il faut chercher la cause de cette déflagration de la famille dans l’hyper-individualisation de la société, « l’égolâtrie« , la dictature du moi. « On pourrait dire que nous sommes tous plus libres et autonomes, mais qu’en même temps, nous sommes tous plus seuls« , a-t-il expliqué. « Le ‘je’ prévaut sur le ‘nous’, l’individu sur la société, la solitude gagne chaque jour davantage du terrain par rapport à la communion, les droits de l’individu prévalent sur ceux de la famille. »
La vocation de l’homme n’est pas de vivre dans la solitude
Le pire, a-t-il poursuivi, c’est que cet hyper-individualisme ne sert à personne. Au contraire, il provoque la souffrance de ceux qui se séparent, qui s’éloignent les uns des autres, qui luttent les uns contre les autres. Certes, Mgr Paglia ne nie pas qu’il y a des mariages qui échouent et des familles qui se défont, mais il ne croit pas pour autant qu’il soit utile à la société de relâcher la force et la solidité du lien matrimonial et familial. Pour lui, en effet, « la vocation de l’homme n’est pas de vivre dans la solitude« . D’ailleurs, a-t-il souligné, Dieu lui-même est « une famille de trois Personnes qui s’aiment au point d’être une seule et même chose« . « Le mariage et la famille sont, par conséquent, une image concrète de la Trinité divine elle-même. »
Voilà pourquoi, a-t-il insisté, la société d’aujourd’hui a besoin d’une famille forte. « Si nous désirons une société solidaire, il faut attacher beaucoup plus d’importance, aussi bien dans la politique que dans la culture, à la famille, à cette forme fondamentale de « nous ». Cela est particulièrement important à l’époque de la globalisation où il existe un risque sérieux qu’au lieu de promouvoir la globalisation de la solidarité, nous promouvions la globalisation de l’individualisme. Il faut donc attacher plus d’importance à la famille si nous voulons fonder la famille des nations. »
Pascal ANDRE
Crédit photo: Diocèse de Liège – Service de presse