En Bulgarie, un mendiant fait sensation en offrant tout ce qu’il possède à l’Eglise. Mais cet acte de charité puise ses racines dans une tradition orthodoxe millénaire.
Si vous avez visité la Bulgarie, vous avez peut-être rencontré Dobri Dobrev sous le porche d’une église orthodoxe. Pourtant, ce vieil homme de près de 100 ans ressemble à un mendiant ordinaire. Sa différence? Il donne tout, absolument tout ce qu’il possède à l’Eglise.
Un mendiant devenu célèbre pour sa charité
Depuis plus de vingt ans, il fait la quête à la sortie des églises. Une quête juteuse, puisqu’il récolte environ 35.700 leva (18.000 euros) chaque année. Et qu’en fait-il? Il en donne l’intégralité à des paroisses ou à des monastères. Or cette somme représente une petite fortune dans ce pays où le niveau de vie est l’un des plus bas d’Europe. Les dons qu’il fait à l’Eglise ont rendu célèbre ce pauvre mendiant. A tel point que certains Bulgares le considèrent déjà comme un saint.
Alimenté par un communiqué de l’Agence Fran-Presse et de belles photos en clair obscur, cette histoire pourrait passer pour un conte des temps modernes. Mais il s’agit de plus qu’un simple buzz sur internet.
Maintenant le secret sur son passé, diado (grand-père) Dobri ne parle pas beaucoup de lui. On sait juste qu’il a été employé comme homme à tout faire dans un monastère orthodoxe. Un épisode qui lui aura certainement permis de comprendre combien le moines et religieuses méritent les dons des fidèles.
La charité de Grand-Père Dobri, un retour d’ascenseur envers ses anciens employeurs? Certainement pas. Comme homme à tout faire, Dobri Dobrev a certainement dû mordre sur sa chique pour accepter les pénibles travaux qu’il devait accomplir. De ces petites difficultés du travail quotidien, son humilité en est sortie grandie et renforcée. Côtoyant les moines, il a pu faire l’expérience d’une vie ascétique mais tournée vers Dieu.
Grand-Père Dobri: l’héritier d’une longue lignée
La grande tradition orthodoxe est pleine de ces personnes âgées, traversant leur pays sans le sou, qui mènent une vie misérable, vide de richesse mais remplie de prière: les starets (du russe Staretz, vieillard). L’ascèse et la prière sont leurs règles de vie. Ils sont considérés comme des sources d’inspiration et des exemples de vertu. Reconnus par les fidèles comme autorités spirituelles, on vient souvent leur demander de prier pour résoudre des situations concrètes.
Le starets le plus célèbre est certainement St Séraphin de Sarov, qui vécut au début du XIXe siècle en Russie. Mais le célèbre Raspoutine bénéficia aussi d’une réputation de staretz (quoique controversée).
Simples mendiants pour les uns, véritables saints pour les autres, les starets puisent leur origine dans la grande tradition monastique. Dès les premières heures du Christianisme, des croyants ont décidé de tout quitter pour le Christ. Abandonnant famille, amis, richesses, distractions et futilités, ils allèrent vivre dans les déserts d’Egypte ou de Syrie. Certains tenaient tant à l’idéal de pauvreté qu’ils ne gardaient jamais de nourriture pour le lendemain, mettant toute leur confiance dans la Providence divine.
Aujourd’hui, Grand-Père Dobrev perpétue cet idéal fou de ne rien garder pour lui-même, mais d’offrir tout ce qu’il reçoit à Dieu.
M.B.