Au-delà de tout discours politique, le pape François a encouragé les siens à se mettre avec foi dans les pas des deux nouveaux saints.
Craquera, craquera pas? La question guidait les regards des milliers de pèlerins qui scrutaient, attentifs, le ciel romain. Pourtant, dans le fond, ils ne s’en souciaient que très peu. Voici trois jours que la plupart d’entre eux parcouraient les rues romaines, s’arrêtaient dans les églises restées ouvertes et préparées pour l’occasion, priaient ensemble, chantaient parfois ou s’agenouillaient devant les nombreux ostensoirs qui plongeaient le centre de la ville dans une ambiance joyeuse et recueillie.
Pour ces 800.000 croyants rassemblés à Rome, la messe des canonisations des désormais Saint Jean-Paul II et Saint Jean XXIII, était donc l’apothéose d’un cheminement qu’ils avaient entrepris depuis chez eux et qui, pour la plupart, n’aura pas manqué de les surprendre. « Je viens de France, nous expliquait Marie, je suis venue ici au dernier moment, je vis des partages formidables et au milieu de cette foule immense, j’ai même retrouvé par hasard des amis très chers que je n’avais plus vus depuis de longues années. C’est incroyable comme Jésus est fidèle. Il nous le montre à chaque petite occasion. »
Une attention à Dieu, que le pape François n’a pas manqué de souligner dans son homélie. Jean XXIII et Jean-Paul II « ont été deux hommes courageux, remplis de la liberté et du courage du Saint-Esprit, et ils ont rendu témoignage à l’Eglise et au monde de la bonté de Dieu, de sa miséricorde. Il ont été des prêtres, des évêques, des papes du XXe siècle. Ils en ont connu les tragédies, mais n’en ont pas été écrasés. En eux, Dieu était plus fort ».
Suivre la « vivante espérance »
Par quelques mots très sobres, sans grande hagiographie, écrits cependant dans un esprit Vatican II et d’unité, le pape François a donc encouragé les pèlerins à se mettre dans les pas de la « vivante espérance », et de la « joie indicible et glorieuse » qui ont habité ces deux grandes personnalités.
Aujourd’hui canonisées et capables d’intercéder grandement pour les leurs, nul doute que le pape, face aux défis qui l’attendent (notamment en matière de pastorale familiale) en fera ses alliés. « Dans la convocation du concile, Jean XXIII a montré une délicate docilité à l’Esprit-Saint, il s’est laissé conduire et a été pour l’Eglise un pasteur, un guide-guidé. (…) Jean Paul II a été le pape de la famille. »
« Que ces deux nouveaux saints pasteurs du peuple de Dieu intercèdent pour l’Eglise, afin que, durant ces deux années de chemin synodal, elle soit docile au Saint-Esprit dans son service pastoral de la famille. Qu’ils nous apprennent à ne pas nous scandaliser des plaies du Christ, et à entrer dans le mystère de la miséricorde divine qui toujours espère, toujours pardonne, parce qu’elle aime toujours. »
La sincérité des mots de François accompagnait la sincérité que l’on ressentait sur la Place Saint-Pierre. Une sincérité et une joie d’être là qui aura escorté les pèlerins et caractérisé ce week-end romain, honoré de la présence, discrète mais fidèle, de Benoît XVI lors de la cérémonie.
Pour l’anecdote, la pluie annoncée de toute part n’aura ouvert que quelques parapluies en début de cérémonie, avant de céder sa place aux éclaircies. « Les mystères de Rome », écrira en direct un journaliste français…
De notre correspond à Rome, Bosco d’OTREPPE