Le Vénézuela doit impérativement dépasser les dissensions et retrouver le chemin du dialogue, ont affirmé en substance les évêques de ce pays d’Amérique latine où de violentes manifestations ont lieu depuis plus d’un mois.
Depuis le début du mois de février, le Vénézuela est agité par une vague de contestation étudiante entamée en province et appuyée par l'opposition au président Maduro. D'abord centré sur l'insécurité (65 morts quotidiens selon une ONG), le mouvement a élargi ses revendications à l'inflation, la plus élevée d'Amérique latine (plus de 56% en 2013), les pénuries fréquentes des produits de première nécessité et la répression policière. Les violences qui ont accompagné ces manifestations ont déjà fait 18 morts et au moins 260 blessés, tandis qu'une centaine de personnes ont été arrêtées.
Face à cette situation, les évêques du pays ont décidé de faire entendre leur voix. Dans une déclaration publiée le 25 février, ils condamnent fermement la violence et mettent en garde les uns et les autres contre toute récupération politique de ces événements. "Les morts ou les blessés n'appartiennent ni au gouvernement ni à l'opposition, mais à leurs familles et au peuple du Vénézuela, sans distinction ni couleurs", insistent-ils. "Dans notre pays coexistent des visions très différentes. Aucun modèle social ou politique n'a le droit de s'imposer sur les autres. La Constitution vénézuélienne garantit les conditions d'une société pluraliste."
Chercher la vérité
Les évêques insistent aussi sur la mise en place nécessaire d’un processus de dialogue pour dépasser les oppositions. Ce dialogue, soulignent-ils, doit permettre l’expression d’opinions différentes et avoir pour but la recherche de la vérité. Cette dernière est "une valeur que le Vénézuela a perdue", regrettent-ils.
Fin février, le président vénézuélien, Nicolas Maduro, a indiqué qu’une "commission de la vérité" serait chargée par l’Assemblée nationale de faire la lumière sur les incidents tragiques des dernières semaines. Cette commission, affirment les évêques, doit laisser s’exprimer toutes les parties et travailler équitablement, afin de "ne pas favoriser un secteur au détriment d’un autre, mais doit chercher la vérité à propos des événements douloureux qui ont touché des familles vénézuéliennes".
Enfin, les évêques ont réitéré leur condamnation des "colectivos", ces groupes radicaux fondés à l’initiative de l’ancien président Hugo Chavez afin de défendre la révolution socialiste. "Des groupes de cette nature sont en marge de la loi, n’ont aucune autorité et portent atteinte aux bases de la coexistence", déclarent-ils. "Nous appelons à agir et à les empêcher de continuer leurs méfaits, et à enquêter sérieusement sur leur comportement, quelle que soit leur orientation politique."
Appel du pape
Le 26 février dernier, à la fin de l’audience, place Saint-Pierre, le pape François a, lui aussi, lancé un appel pour que cesse la violence au Vénézuela. "Tout le peuple vénézuélien, à commencer par les responsables politiques et institutionnels, doit s’unir pour favoriser la réconciliation nationale à travers le pardon mutuel, le dialogue sincère, le respect de la vérité et de la justice", a-t-il demandé.
P. A. (avec La Croix)