Le président du CPAS de Namur, Philippe Defeyt, a réagi aux propos tenus sur RTL-TVi par le Premier ministre Elio Di Rupo concernant les exclus du chômage. D’après lui, les CPAS ne peuvent pas compenser les pertes de revenus pour toutes les personnes qui perdront leurs allocations en janvier 2015.
Le 1er janvier 2015, des milliers de personnes seront exclues du chômage, s’ils n’ont pas trouvé de boulot d’ici là. C’est la conséquence de la décision du gouvernement Di Rupo de limiter à trois ans maximum les allocations d’insertion. En colère et très inquiète, la FGTB a fait ses comptes. Selon elle, ce ne sont pas moins de 50.000 personnes, dont 32.000 en Wallonie, qui seront exclues du chômage dès le 1er janvier prochain.
Dimanche 9 février, le Premier ministre s’est voulu rassurant. Il a effectivement expliqué sur RTL-TVi que les pertes de revenus des exclus du chômage seront « compensées » par les CPAS. Faux, a aussitôt réagi Philippe Defeyt. « Elles seront uniquement compensées pour les personnes qui sont dans les conditions pour obtenir un revenu d’intégration complet ou partiel« , a-t-il déclaré. « Or, 60 à 70% des personnes sanctionnées par l’ONEM ne sont pas dans ces conditions. Ces ménages-là subiront donc intégralement la perte de revenus sans aucune compensation d’un CPAS« , a ajouté l’économiste.
Soutenir, plutôt que sanctionner
Philippe Defeyt a également réagi à la promesse du gouvernement d’augmenter les subsides aux CPAS. En 2014, a-t-il expliqué, les CPAS wallons recevront environ 4 millions. Or, ils doivent faire face à une augmentation de leurs dépenses de l’ordre de 54 millions. « Quatre millions, c’est mieux que rien« , a-t-il déclaré. « Mais 4 millions sur 54, c’est une aumône. » Et la situation sera encore plus difficile à gérer en 2015, puisque la Fédération des CPAS wallons estime que, cette année-là, 97 millions d’euros seront nécessaires aux CPAS pour faire face aux multiples demandes de revenus d’intégration émanant des exclus du chômage.
Thierry Bodson, le secrétaire général de la FGTB wallonne, n’a donc pas exagéré lorsqu’il a qualifié la décision du gouvernement fédéral de « bombe sociale« . Plutôt que de sanctionner les jeunes et, par conséquent, de les précariser un peu plus, celui-ci ferait mieux de les épauler davantage dans leur recherche d’un travail.
P. A. (avec Belga)