Les drones armés posent « de sérieuses menaces à l’humanité » et au « droit à la vie ». C’est par ces mots que le COE (Conseil Œcuménique des Eglises) a condamné l’usage des drones, ces avions sans pilote permettant d’éliminer à distance des « cibles » jugées dangereuses, avec une prise de risque nulle pour l’attaquant.
Depuis une dizaine d’années, l’usage des drones de combats s’est intensifié dans nombre de conflits armés. Ce sont principalement les Etats-Unis qui ont contribué au succès de ces engins de combats radioguidés. Chacun se souvient des images qu’on pouvait suivre en direct à la télévision durant la guerre du Golfe, puis durant l’intervention militaire en Afghanistan et au Pakistan. Aujourd’hui, nombre d’Etats s’équipent de drones. L’armée russe prévoit par exemple un budget de 6,7 milliards d’euros pour l’acquisition de drones d’ici 2020. On estime le taux de réussite des tirs effectués par des drones entre 85 et 90%.
Les progrès technologiques réalisés ces dernières années permettent aux drones de rester longtemps dans les airs, à un coût beaucoup plus faible que de faire voler un équipage. Le COE dit craindre de voir dans un proche avenir un nombre croissant de pays recourir à ces appareils qui devraient être de plus en plus autonomes.
Violation du droit à la vie et de la souveraineté territoriale
Le COE avance deux arguments principaux contre les drones. Le premier est de droit international: pour un pays, utiliser un drone pour tuer une cible en dehors de son territoire suppose une entrée en force dans le ciel aérien d’un autre pays et donc viole sa souveraineté et son intégrité territoriale. C’est par exemple le cas aujourd’hui au Pakistan, où les Etats-Unis interviennent sans autorisation. « De tels raids aériens introduisent de dangereux précédents dans les relations entre Etats », prévient le COE. Le deuxième argument fait référence au droit à la vie. Le COE estime que lorsque qu’un Etat utilise un drone « pour un assassinat ciblé sans un contrôle effectif sur le territoire où il intervient, un tel ciblage peut avoir pour effet de tuer des innocents, ce qui est une violation du droit à la vie ».
Le COE justifie son intervention sur ce sujet en estimant qu’il est du devoir des Eglises « de parler pour ceux qui ne peuvent parler pour eux-mêmes, pour les droits de tous ceux qui en sont privés, de parler pour juger équitablement, de défendre les droits des pauvres et de ceux qui sont dans le besoin (Proverbes 3,1 8-9) ». La déclaration condamne ainsi l’utilisation de drones parce qu’elle tue des gens et nie leur droit à la vie.
La déclaration se termine par une condamnation ferme des raids de drones et un appel adressé à la communauté internationale pour qu’elle s’oppose à leur usage en dehors de tout cadre légal. Elle demande aussi que « les Etats utilisant des drones soient transparents sur le développement, l’acquisition et l’usage de drones et de rendre publique la base légale pour l’utilisation de drones ».
MVL, d’après LA CROIX