Finalement, Mgr André-Joseph Léonard a pu répondre à l'invitation du collectif des Afghans à les rejoindre dans leur marche de Bruxelles à Gand. L'archevêque du diocèse de Malines-Bruxelles a fait l'effort de les retrouver à leur départ depuis l'abbaye d'Affligem le samedi 11 janvier, bien que souffrant d'une grippe, et invite tous ses compatriotes à les rejoindre.
Il s'est adressé à eux en des mots très chaleureux, en ami: "Chers amis, je suis heureux de pouvoir vous rejoindre ce soir. En principe, je suis interdit de sortie et devrais être dans mon lit. Mais votre sort est plus important que ma santé. Et puis, parmi vous, il y a certainement aussi des malades et cependant vous êtes là!"
Mgr Léonard a tenu à préciser le sens de sa présence: "Le but de ma présence ici n’est pas directement politique. Ce n’est pas non plus le but de critiquer Madame Maggy De Block ni le gouvernement, pour qui la gestion de cette situation n’est pas facile, surtout dans le contexte présent. Le sens de mon soutien est plutôt d’alerter l’opinion publique pour que, à terme, elle pèse sur l’ensemble du monde politique dans le sens d’une plus grande ouverture quand on envisage de renvoyer des candidats réfugiés dans un pays exceptionnellement dangereux. Or la situation dans ce pays est redoutablement périlleuse. De plus, elle est volatile et risque de s’aggraver encore dans les temps qui viennent."
Afin de renforcer sa sensibilisation pour une prise de conscience plus importante dans l'opinion publique, il s'est appuyé sur une comparaison plus proche de chez nous: "Je prends une comparaison, qui vaut ce qu’elle vaut. Car aucune situation n’est identique à une autre. J’ai passé les premiers mois de ma vie, de mai à août 1940, réfugié en France avec ma mère, veuve de guerre, et mes trois frères aînés. Beaucoup de Belges craignaient, en effet, que les troupes de l’occupant commettent les mêmes atrocités sur les civils qu’en 1914-18. Si c’eût été le cas, je vous le demande, les Belges réfugiés en France ou ailleurs auraient-ils apprécié d’être rapatriés de force, au risque de leur vie? Je prie mes compatriotes d’y réfléchir."
Et si sa démarche n'est pas d'abord d'ordre politique, il a malgré tout tenu à faire part d'une demande pour plus de solidarité envers ces situations: "Même si mon intervention de ce soir n’est pas directement politique, mais plutôt d’ordre moral et humanitaire, je me permets de plaider en faveur d’un moratoire sur toutes les expulsions, en accordant, selon les possibilités offertes par la loi, un séjour temporaire à mes frères et sœurs afghans, jusqu’à ce qu’on voie plus clair dans cette situation particulièrement dangereuse et explosive."
Mgr André-Joseph Léonard terminait son intervention par une invitation à participer à cette marche: "J’espère de tout cœur que beaucoup de mes compatriotes vous rejoindront, mes chers amis, pour vous soutenir dans l’épreuve que vous vivez."
MH
(photo et video: © CRER)