Lors de sa venue à Bruxelles pour les Grandes Conférences Catholiques, le cardinal Philippe Barbarin nous a accordé un entretien. Il livre ses impressions sur le pape François et son style, mais aussi sur des sujets comme l’avortement.
Le cardinal Barbarin, archevêque de Lyon et primat des Gaules, a participé au conclave qui a élu le pape François. Il porte un regard sur le style nouveau apporté par le cardinal Bergoglio, dès le soir même de son élection sur le trône pétrinien. Pour lui, le pape François « ouvre des portes ». Et c’est en ouvrant ces portes que l’amour de Dieu peut le mieux s’exprimer.
Quel regard portez-vous sur les dix premiers mois du pontificat?
L’espérance est toujours aussi vive et je sens un intérêt croissant. Depuis le premier jour, le pape François a surpris par ses gestes, comme par le choix de ses vêtements, ou lorsqu’il s’est incliné pour demander au peuple romain de prier afin que Dieu le bénisse. Cet étonnement continue. Le Jeudi-Saint, il a lavé les pieds de personnes détenues, en particulier d’une femme musulmane. Récemment, il a baptisé 36 enfants de couples fort différents, de familles traditionnelles mais aussi de parents qui ne sont pas mariés, mais qui aiment leur enfant et le savent infiniment aimé de Dieu. Le pape montre que l’amour de Dieu est offert à tout le monde et que, dès que les portes du cœur s’ouvrent pour accueillir cet amour, il vient en surabondance. On voit chez François un vrai désir de réformer cette grande famille de l’Eglise. Il veut nous mettre tous « en état de sortie », comme il dit. Et pour y parvenir, l’essentiel est de vivre et désirer ardemment une rencontre personnelle avec Jésus.
Le pape a parfois un langage qui bouscule. Paradoxalement, sa popularité ne faiblit pas, au contraire. Comment expliquez-vous ce paradoxe?
Je ne sais pas si c’est un paradoxe. L’un est peut-être la cause de l’autre. Quand il dit: « Ne nous laissons pas voler la joie de l’Evangile, ne nous laissons pas voler l’enthousiasme missionnaire », les gens savent qu’il leur serait bon d’entendre cet appel. Ils ont le souvenir de la ferveur de leur foi d’adolescence, de la joie de leur profession de foi ou de leur mariage. Parfois, effectivement, les souffrances et les aléas de la vie nous ont fait perdre ces sources de joie. Et le pape François répète, comme une litanie, non « ne nous laissons pas voler l’idéal de l’amour fraternel … ». Il voudrait que tous les chrétiens remontent dans le train de l’évangélisation, pour apporter au monde nouveauté et jeunesse. Il y a dans ses formules quelque chose de tonique, de spontané: ne soyez pas des « chrétiens de pâtisserie », des « évêques d’aéroport », des « curés carriéristes »... Surtout, il déclare la guerre à la mondanité spirituelle qui dénature l’Eglise. C’est peut-être à cause de la vigueur de ses formules que sa popularité augmente. Beaucoup de gens reprennent espoir.
Propos recueillis par Jean-Jacques Durré
Retrouvez l’interview complète dans le journal Dimanche n°5 du 2 février 2014.
Regardez l’interview du cardinal Philippe Barbarin