Le constat de l’économiste Philippe Defeyt (photo) est sans appel: les cinq années qui se sont écoulées depuis l’éclatement de la crise en 2008 ont eu un impact négatif sur notre pouvoir d’achat, le chômage et la construction de logements neufs dans notre pays.
Si la Belgique ne s’en sort pas trop mal par rapport à d’autres pays européens, comme la Grèce, l’Espagne ou l’Italie, il ne faut pas sous-estimer l’ampleur réelle de la crise que nous connaissons depuis cinq ans dans notre pays. D’après les chiffres fournis par l’Institut pour un développement durable le 7 janvier dernier, notre pouvoir d’achat, après avoir culminé en 2009, a effectivement reflué d’environ 5% pour retrouver son niveau de 2000. Evidemment, note l’économiste Philippe Defeyt, tout le monde n’est pas concerné de la même manière. Les évolutions du pouvoir d’achat sont très variables d’un ménage à l’autre.
Point de vue emploi, la crise se fait également sentir. Là aussi, l’emploi salarial total – hors titres-services – est revenu l’an dernier à son niveau de 2008, après avoir connu un léger pic en 2011. Philippe Defeyt voit toutefois une « performance dans le maintien de l’emploi salarié total, depuis 2008, même si l’emploi mesuré en équivalent temps plein a évolué moins favorablement« .
Le chômage des jeunes et des plus de 50 ans explose
Le taux de chômage, quant à lui, est reparti à la hausse, principalement chez les jeunes où il est passé de 22% en 2008 à 27% en 2013. Ce qui inquiète surtout l’économiste, c’est l’évolution du nombre de demandeurs d’emploi inoccupés, qui a augmenté de 25.000 depuis 2008 et de 101.000 depuis 2000. Le nombre de personnes bénéficiant du droit à l’intégration sociale n’a pour sa part cessé de croître depuis 2008, puisqu’on est passé de 92.300 personnes concernées à 108.000.
Stimuler le secteur du logement
Enfin, l’Institut pour un développement durable constate que la période de la crise « n’a pas été favorable » à la construction de logements neufs en Belgique. Or, estime Philippe Defeyt, cela devrait être une priorité absolue. D’après lui, « la meilleure manière de peser sur les prix des logements – à l’achat ou à la location – c’est d’avoir une offre suffisante. Or, pour le moment, celle-ci est insuffisante. » Stimuler le secteur du logement constitue donc, aux yeux du président du CPAS de Namur, une politique à la fois économique et sociale.
Pascal ANDRE