Jeudi 12 décembre, le Vatican a rendu public le texte intégral pour la paix du 1er janvier 2014. On y retrouve les thèmes centraux du nouveau pontificat: la fraternité, la charité, la solidarité et la miséricorde. Un texte dont nous vous livrons ici un résumé.
Le pape François commence son message pour la paix en rappelant que la fraternité est une dimension essentielle de l'être humain et que, sans elle, "la construction d'une société juste, d'une paix solide et durable" est "impossible". Citant son prédécesseur, le pape émérite Benoît XVI, il constate que "la mondialisation nous rend proches, mais ne nous rend pas frères." En effet, on assiste plutôt aujourd'hui à une "mondialisation de l'indifférence, qui nous fait lentement nous 'habituer' à la souffrance de l'autre, en nous fermant sur nous-mêmes."
Pour l'évêque de Rome, "une fraternité véritable entre les hommes suppose et exige une paternité transcendante", à savoir celle de Dieu. Parce que l'amour de Dieu, "quand il est accueilli, devient le plus formidable agent de transformation de l'existence et des relations avec l'autre, ouvrant les hommes à la solidarité et au partage agissant."
La paix est "un bien indivisible"
Ce devoir de fraternité concerne non seulement les personnes, mais aussi les Nations, particulièrement les plus favorisées. Leurs obligations se présentent sous un triple aspect: "le devoir de solidarité, qui exige que les nations riches aident celles qui sont moins avancées; le devoir de justice sociale qui demande la recomposition en termes plus corrects des relations défectueuses entre peuples forts et peuples faibles; le devoir de charité universelle, qui implique la promotion d’un monde plus humain pour tous, un monde dans lequel tous aient quelque chose à donner et à recevoir, sans que le progrès des uns constitue un obstacle au développement des autres".
Le pape François poursuit en rappelant que la paix est "un bien indivisible". "Ou c'est le bien de tous ou il ne l'est de personne", insiste-t-il. La paix n'est donc possible que si tout le monde s'engage pour le bien commun. Ce qui implique de ne pas se laisser guider par "l'appétit du profit" et par "la soif du pouvoir", de parvenir à "se perdre en faveur de l'autre au lieu de l'exploiter", à "le servir au lieu de l'opprimer pour son propre avantage." Ce n'est malheureusement pas ce que nous expérimentons aujourd'hui. "Si, d'un côté, on rencontre une réduction de la pauvreté absolue, d'autre part, on ne peut pas ne pas reconnaître une grave croissance de la pauvreté relative, c'est-à-dire des inégalités entre personnes et groupes qui vivent dans une même région, ou dans un même contexte historico-culturel." L'évêque de Rome plaide donc notamment pour que soient mises en place "des politiques qui servent à atténuer une répartition inéquitable excessive du revenu".
"Renoncez à la voie des armes"
"Les graves crises financières et économiques contemporaines", poursuit-il, "ont poussé de nombreuses personnes à rechercher la satisfaction, le bonheur et la sécurité dans la consommation et dans le gain, au-delà de toute logique d'une saine économie." Le pape préfèrerait qu'on y trouve plutôt "une occasion propice pour retrouver les vertus de prudence, de tempérance, de justice et de force".
Convaincu que "la fraternité éteint la guerre", le pape assure sa proximité personnelle et celle de toute l'Eglise "à tous ceux qui vivent sur des terres où les armes imposent terreurs et destructions", aux blessés, aux affamés, aux réfugiés, aux personnes déplacées et à tous ceux qui vivent dans la peur. Voilà pourquoi il adresse un appel fort "à tous ceux qui, par les armes, sèment la violence et la mort": "Redécouvrez votre frère en celui qu'aujourd'hui, vous considérez seulement comme un ennemi à abattre, et arrêtez votre main! Renoncez à la voie des armes et allez à la rencontre de l'autre par le dialogue, le pardon et la réconciliation, pour reconstruire la justice, la confiance et l'espérance autour de vous!"
S'ouvrir à l'amour donné par Dieu
Après avoir évoqué d'autres thématiques comme la corruption, la drogue, la dévastation des ressources naturelles et la pollution, l'exploitation dans le travail, le trafic illégal d'argent, la spéculation financière, la prostitution, le trafic des êtres humains, les abus contre les mineurs et l'esclavage, le pape François revient sur l'idée que "c'est seulement l'amour donné par Dieu qui nous permet d'accueillir et de vivre pleinement la fraternité". "Quand manque cette ouverture à Dieu, toute activité humaine devient plus pauvre et les personnes sont réduites à un objet dont on tire un profit. C’est seulement si l’on accepte de se déplacer dans le vaste espace assuré par cette ouverture à Celui qui aime chaque homme et chaque femme, que la politique et l’économie réussiront à se structurer sur la base d’un authentique esprit de charité fraternelle et qu’elles pourront être un instrument efficace de développement humain intégral et de paix."
Pascal ANDRE
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