Jeudi 26 décembre, le collectif des Afghans qui occupent l’église du Béguinage à Bruxelles a annoncé qu’ils étaient déterminés à poursuivre leur combat. Ils prévoient de marcher de Bruxelles à Gand le 13 janvier prochain et ont invité Mgr Léonard à se joindre à eux.
Les sans-papiers afghans qui occupent actuellement l’église du Béguinage à Bruxelles ont pris le temps de se concerter après leur rencontre du 24 décembre avec le Premier ministre Elio Di Rupo et la secrétaire d’Etat à l’Asile et à la Migration Maggie De Block. Et s’il y a bien une chose dont ils sont certains, c’est que rien n’est sûr pour eux. Les deux ministres n’ont effectivement pris aucun engagement à leur égard, sinon de les revoir dans un mois. Pas question pour eux d’un moratoire sur les expulsions ou de l’application du statut de protection temporaire.
La seule chose qu’Elio Di Rupo et Maggie De Block ont proposé aux sans-papiers afghans, c’est de réintroduire individuellement de nouvelles demandes d’asile ou de protection, et d’y joindre de nouveaux éléments concernant, par exemple, l’évolution de la situation dans leur pays d’origine. Pour Samir Amrad, leur porte-parole, c’est clairement insuffisant. « Nous continuerons l’occupation de l’église du Béguinage tant que nous n’aurons pas obtenu un moratoire sur les expulsions en Afghanistan« , a-t-il déclaré le 26 décembre dernier.
Une idée de Mgr Léonard
En attendant leur prochaine entrevue avec les deux ministres, prévue le 30 janvier, les Afghans ont décidé de marcher de Bruxelles à Gand. « L’idée nous a été soufflée par Mgr Léonard, qui comprend notre situation« , a précisé Samir Amrad. « Je ne sais pas s’il marchera avec nous, mais nous avons planifié le départ de cette marche le 13 janvier. » L’archevêque de Malines-Bruxelles avait effectivement déclaré, dans l’émission « L’indiscret » du 22 décembre, qu’il adhérait totalement à leur cause et qu’il était prêt à marcher avec eux. « Renvoyer quelqu’un en Afghanistan, c’est extrêmement dangereux« , avait-il ajouté. « Ces gens méritent un accueil. » Mgr Léonard s’était également dit heureux que des chrétiens se mobilisent pour l’accueil des sans-papiers.
Rejetés de toutes parts
Les autorités belges ne partagent pas ce point de vue. Si elles refusent d’accorder asile ou protection à ces sans-papiers, c’est parce qu’elles estiment qu’il ne s’agit pas de « vrais » Afghans, mais d’Iraniens ou de Pakistanais qui se font passer pour tels en espérant ainsi obtenir plus facilement l’asile en Occident. Le problème, c’est que l’Afghanistan ne veut pas davantage de ces sans-papiers. Elle ne délivre d’ailleurs qu’au compte-gouttes les « laissez-passer » permettant aux demandeurs d’asile déboutés de retourner au pays. Et sûrement pas à ceux dont la Belgique a établi qu’ils n’étaient pas de « vrais » Afghans.
Pascal ANDRE (avec Le Soir et La Libre Belgique)