En 2013, le nombre de migrants internationaux a atteint les 232 millions dans le monde. Nombreux sont les migrants qui parviennent à vivre et à travailler en toute sécurité. Pour d’autres, ce sont la pauvreté, le manque de travail décent, les violations des droits de l'homme, qui les poussent à se déplacer.
La Journée internationale des migrants (ndlr: à ne pas confondre avec la Journée mondiale des migrants et des réfugiés qui a lieu le 19 janvier) est l'occasion de dissiper les préjugés et de sensibiliser l’opinion à leurs contributions dans les domaines économique, culturel et social, au profit tant de leur pays d’origine que de leur pays de destination.
Même pas la France
La date du 18 décembre a été choisie il y a quatre ans par l’ONU pour attirer l’attention sur une convention adoptée par l’assemblée générale des Nations unies le 18 décembre 1990, mais restée inapplicable faute de ratifications suffisantes. L’Europe accueille 15 millions d’immigrés sur les 175 millions de par le monde. La Convention n’est entrée en vigueur que le 1er juillet 2003. A ce jour, 27 Etats l’ont ratifiée; seulement des pays d’émigration, aucun des pays les plus industrialisés. Depuis quatorze ans, la France, ses partenaires européens et la plupart des pays d’immigration de la planète éludent la ratification.
Rappels nécessaires
Depuis 1990, la précarisation des droits des migrants est en aggravation constante. L’Union européenne offre la libre circulation aux citoyens des Etats membres tout en durcissant, pour les autres, les règles de l’asile et du séjour. Face à la dégradation des droits des migrants, la convention des Nations unies est importante; elle rappelle que tous les migrants qui "vont exercer, exercent et ont exercé un travail pendant tout le processus de migration" ont des droits qui doivent être réaffirmés en "considérant la situation de vulnérabilité dans laquelle se trouvent fréquemment les travailleurs migrants et les membres de leurs familles."
Rappelons aussi que lors du drame de Lampedusa, en juillet dernier, la pape François a tenu à sensibiliser le monde au sort des migrants. Il avait jugé capital le passage d’une "culture du rejet" du migrant vers une attitude qui ait comme base la "culture de la rencontre", estimant que les moyens de communication avaient une grande responsabilité dans cette "conversion des attitudes". Il avait estimé que la réalité des migrations exigeait une coopération internationale avec "l’adoption, par tous, des instruments normatifs qui protègent et promeuvent la personne humaine". "Au lieu d’élever des barrières insurmontables, les gouvernants doivent rechercher une bonne synergie pour affronter les déséquilibres socioéconomiques et une mondialisation sans règles, qui font partie des causes des migrations dans lesquelles les personnes sont plus victimes que protagonistes", avait indiqué le souverain pontife.
Et en Belgique?
La secrétaire d'Etat à l'Asile et à la Migration, Maggie De Block, semble bien intransigeante quand on sait qu'en 2013, aucune naturalisation ne s'est réalisée en Belgique. "Rien n'a été promis à ces personnes", a dit Mme De Block, en parlant des Afghans qui vivent illégalement en Belgique. Les instances d’asile belges refusent, en effet, d'accorder la protection internationale à 44% des Afghans présents en Belgique, dont des familles avec enfants et de jeunes hommes. Des catégories pourtant considérées par le Haut Commissariat aux Réfugiés (HCR), comme étant en danger dans leur pays. "Je ne vais pas annoncer un moratoire. Les Afghans sont soumis aux mêmes règles que les autres personnes. Ils ont les mêmes droits. Les grèves de la faim ne donnent pas plus de droits et je ne changerai pas mon opinion", a déclaré Maggie De Block. Visiblement, la ministre n’a pas entendu les propos du pape.
Afghans ou autres, en ce 18 décembre, un beau geste Mme De Block?
Sylviane Bigaré