Le 12 novembre dernier, le métropolite Hilarion de Volokolamsk, directeur du Département des relations extérieures du Patriarcat de Moscou, était reçu en audience par le pape François, tandis qu’à Moscou, le cardinal Angelo Scola, archevêque de Milan, rencontrait le patriarche Kirill, chef de l’Eglise orthodoxe de Russie. De chaque côté, on travaille à une rencontre entre les primats des deux Eglises.
On ne sait pas quand et où aura lieu cette rencontre, mais les deux Eglises sont d’accord sur le principe et prêtes à la préparer. Selon « La Repubblica », citant le métropolite Hilarion, la visite du pape à Moscou n’est pas encore à l’ordre du jour. Elle devrait être précédée d’une rencontre en terrain « neutre ». Le quotidien italien avance même trois lieux: Bari (sud de l’Italie) – où sont vénérées les reliques de saint Nicolas, patron de la Russie –, Vienne (Autriche) et l’abbaye hongroise de Pannonhalma.
Cette rencontre probable sera en tout cas un événement puisqu’aucun sommet n’a été organisé sous Benoît XVI, en dépit des désirs exprimés du côté du Vatican. Mais depuis l’arrivée, en février 2009, du patriarche Kirill (photo), il semble que les relations diplomatiques entre le Patriarcat de Moscou et le Saint-Siège soient plus fructueuses. Certes, cela n’effacera pas le contentieux historique qui existe entre Rome et Moscou sur la question des grecs-catholiques en Ukraine, pays considéré comme le berceau de l’orthodoxie russe. Les « uniates » ukrainiens sont en effet restés fidèles à Rome, suscitant pendant longtemps la haine des orthodoxes.
Partage de vues sur la Syrie
Cela mis à part, les deux Eglises partagent de nombreux points de convergence, notamment à propos de la liberté religieuse et de la lutte contre le sécularisme. Dans son discours précédant sa rencontre avec l’archevêque de Milan, le patriarche Kirill avait souligné que l’Eglise catholique et l’Eglise orthodoxe russe partageaient la même préoccupation pour « la situation des chrétiens dans le monde, et pas seulement là où ils souffrent physiquement, comme le Moyen-Orient, en Afrique, en Asie, mais aussi là où il y a une pression latente sur les chrétiens, sous prétexte de tolérance et de multiculturalisme. »
Le patriarche de Moscou a notamment évoqué l’interdiction des symboles chrétiens ou l’utilisation du mot « Noël » ou le fait que des chrétiens ne pouvaient travailler avec une croix autour du cou « prétendument parce que cela viole les non-croyants et les personnes d’autres religions. »
« Aujourd’hui, la question de la préservation de l’Europe chrétienne, le maintien des sources de la civilisation chrétienne est notre objectif commun », a insisté le primat orthodoxe russe, ajoutant que « Jamais nos deux Eglises n’ont eu autant de raisons de travailler ensemble. »
Le patriarche Kirill a dit aussi espérer continuer à travailler avec le pape pour la paix au Moyen-Orient et en Syrie, et pour les droits des minorités religieuses.
De son côté, lors de sa rencontre avec le pape François, le métropolite Hilarion a lui aussi évoqué la question syrienne, notant « la nécessité d’actions consolidées des Eglises chrétiennes pour la protection des chrétiens en Syrie ».
En attendant cette rencontre historique, il est prévu que le président russe Vladimir Poutine rencontre le pape le 25 novembre prochain, dans le cadre de sa visite en Italie.
P.G. (avec La Croix)